Monolecte 😷🤬

Fauteuse de merde 🐘 @Monolecte@framapiaf.org

  • On appelle « mouvement des enclosures », la politique inaugurée par la monarchie anglaise (essentiellement à partir des XVIe -XVIIe siècles) dans le but de remplacer les modes traditionnels d’agriculture – souvent fondés sur l’entraide et la coopération- par un système basé sur la propriété privée (et dont la « clôture » allait devenir le symbole universel). Dans la pratique, cette politique moderniste revenait à supprimer tous les droits coutumiers (comme celui de « vaine pâture ») qui avaient jusqu’ici permis aux villageois les plus pauvres de continuer à vivre de manière autonome grâce aux terrains communaux. Il s’agissait donc, à travers cette nouvelle politique, de contraindre ces paysans à la mendicité et à l’exode rural (ce que les esprits progressistes, de nos jours, célèbrent sous le nom infiniment plus glorieux de « développement urbain ») et de mettre ainsi à la disposition des grands manufacturiers anglais une main d’oeuvre abondante, bon marché et -cerise sur le gâteau – culturellement déracinées (donc infiniment plus manipulable). C’est pourquoi Marx a pu voir avec raison dans ce mouvement des enclosures l’une des conditions majeures du décollage de l’économie capitaliste anglaise.
    On voit donc clairement ici que c’est la défense de la coutume et des traditions (donc un combat officiellement « réactionnaire ») qui s’avère, en réalité, profondément révolutionnaire (le cas est très fréquent dans l’histoire des révoltes populaires). On se souvient d’ailleurs, que l’une des premières intervention politique du jeune Marx (La loi sur les vols de bois, 1842) était précisément un plaidoyer en faveur du « droit coutumier des pauvres ».

    Jean-Claude Michéa, Le complexe d’Orphée.