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Mensuel de critique et d’expérimentations sociales

  • Questions d’hier et de demain : les Roms et « nous »
    De Roswitha Scholz
    http://www.forumcivique.org/fr/articles/questions-dhier-et-de-demain-les-roms-et-%C2%ABnous%C2%BB

    En Italie, on assiste ces derniers temps à une recrudescence des pogroms anti-Roms. Depuis l’entrée de la Roumanie dans l’UE début 2007, fuyant des discriminations qui s’accentuent et une misère extrême qui les frappe tout particulièrement, un nombre croissant de Roms ont trouvé refuge dans la péninsule, où ils vivent à la périphérie des grandes villes dans des conditions là encore déplorables.
    La réaction de la population locale est en parfaite harmonie avec celle du gouvernement italien de droite qui fait appel, pour enrayer la « peste tzigane », à des remèdes d’un autre âge : des mesures spéciales auxquelles seuls les Sintis et les Roms sont assujettis.S’il est indéniable que, de toute l’Europe occidentale, c’est actuellement en Italie que la récente fièvre anti-Roms montre son plus hideux visage, on aurait toutefois tort de croire que cette forme de racisme se circonscrit à ce seul pays. En Allemagne également, agressions du même type et propagande anti-Roms dans les médias affichent depuis le début des années 1990 une nette aggravation1, cependant que l’extermination massive des Sintis et des Roms perpétrée sous le national-socialisme a tendance à se voir relativisée. Songeons seulement, à titre d’exemple frappant, aux émeutes racistes de Rostock en 1992 et à leurs incidences au niveau de l’Etat. Comme nous savons d’expérience que, même à gauche, le souvenir de ces événements a tendance à s’effacer, voici pour mémoire : « Le 24 septembre 1992, un mois après le pogrom de Rostock dirigé essentiellement contre les réfugiés roms venus d’Europe de l’Est, les gouvernements allemand et roumain signèrent un accord par lequel la Roumanie s’engageait à accueillir en retour les demandeurs d’asile déboutés, notamment ceux et celles qui n’avaient pu présenter de papiers d’identité en règle »2. Cette forme de discrimination a déjà une longue histoire, mais une histoire malheureusement trop méconnue. En Italie, par exemple, le phénomène de l’antitziganisme n’est pratiquement pas étudié3. Même chose en Allemagne où, malgré l’abondance des travaux historiques sur le national-socialisme, on a commencé tardivement à s’intéresser à cette question, et où ce n’est que tout récemment que certains résultats ont pu être établis.