aris 

Lost in cyberspace... et plus si affinités

  • Vers une "précarisation par le haut" des informaticiens ?
    http://www.lemonde.fr/week-end/article/2011/02/25/vers-une-precarisation-par-le-haut-des-informaticiens_1478798_1477893.html

    Ils ont fait de longues études, ont le statut de cadres, et travaillent dans un secteur porteur. Pourtant, les informaticiens qui travaillent pour des SSII (société de services spécialisée en ingénierie informatique) sont en première ligne d’une « précarisation par le haut » qui menace de s’étendre, estime le journaliste Nicolas Séné dans un livre engagé qui leur est consacré, « Derrière l’écran de la révolution sociale. »

    #précarité #capitalisme_cognitif #Nicolas_Séné

    • J’ai un pote qui bosse comme ça depuis 12 ans : précarité, certes, mais avec un putain de salaire qui lui permettrait facilement d’encaisser un intercontrat de plus de 6 mois. Dans son domaine de compétence informatique, les consultants s’arrachent à prix d’or et la liste d’attente des clients ne s’est creusée qu’au plus gros de la crise bancaire. Et même à ce moment, où il a vraiment eu des intercontrats plus longs qu’à l’accoutumée, il n’a pas franchement paniqué.

      Si tu gagnes en deux mois ce qui te suffirait pour vivre un an sans te priver, ta précarité est quand même vachement relative. La vraie précarité, tu peux l’avoir avec un CDI, la peur du petit chef au ventre et un salaire déjà bouffé par les dépenses contraintes au 5 du mois.

    • @monolecte ce qu’explique le bouquin (entre autres choses) c’est que c’est justement en tirant argument du fait que dans ce milieu les salariés sont relativement bien payés, que le patronat y expérimente sans provoquer de conflit social de nouvelles formes de contrats.

    • @fil – Je crois qu’il n’y a pas qu’une question de salaire, mais aussi une dimension d’engagement cognitif et de plaisir dans le travail, qui permet au “patron” de mieux faire accepter les aléas d’une certaine précarité. Et au passage, effectivement, de pouvoir expérimenter des formes nouvelles de travail flexible et précaire...

    • Concrètement, vider un mec, même en CDI n’est pas monstrueusement compliqué aujourd’hui. D’ailleurs, le nombre de salariés en CDI qui ont quand même peur de se retrouver en slip sur le trottoir est éloquent : ces gens se sentent précaires, à la merci du premier retournement de situation. Et l’imaginaire prolétaire a été abondamment nourri dans l’Histoire récente de récits d’usines déménagées à la cloche de bois et de travailleurs qui se retrouvent sur le carreau en un WE seulement.

      Ce qui fait la vraie dimension de la précarité, ce n’est pas le contrat ou l’absence de contrat (même si ça y contribue), c’est l’absence de visibilité, l’incapacité matérielle de pouvoir se projeter dans l’avenir. Cette différence, elle se joue sur la faiblesse des rémunérations et le poids grandissant des dépenses contraintes, les seules choses à peu près certaines qui nous restent. En l’absence de revenus suffisants pour épargner, nous nous retrouvons à la merci du premier aléa de l’existence, sans possibilité d’anticiper ou même de seulement répondre à un imprévu.
      La première des précarités est donc bien la pauvreté.