• David Cronin, "Europe-Israël : une alliance contre-nature"

    ISBN : 978-2-9543806-0-5 224 pages Dépôt légal : décembre 2012 Edition La Guillotine

    Ames europhiles sensibles, s’abstenir. David Cronin, journaliste, a rassemblé dans un livre, "Europe-Israël : Une alliance contre-nature", les éléments qui le convainquent que, loin d’aider l’Autorité palestinienne à construire son Etat, l’Union européenne et ses Etats membres sont complices d’Israël dans la dépossession des Palestiniens et la déstructuration de leur société : terres et biens volés pour se les approprier, constructions galopantes de colonies de peuplement, populations déplacées, démolitions de biens, interdictions de toutes sortes, investissements économiques et financiers européens dans les colonies, illégales au regard du droit international mais sources de profit pour des grandes compagnies européennes, etc. En ce sens, le titre français de l’ouvrage aurait gagné à coller au titre anglais L’alliance européenne avec Israël : aider l’occupation (« aider » dans le sens de « être complice ») plutôt que d’évoquer une « alliance contre-nature », expression plus ambiguë.

    David Cronin mesure l’implication des Européens à leur silence à couvrir les « crimes d’Israël », à leurs déclarations lénifiantes, à l’ouverture de leurs programmes de Recherche et de Développement aux chercheurs israéliens qui ne sont que des « militaires camouflés en civil », à leur « prosternation devant l’Amérique néo-impérialiste », à leur « ingérence » dans la politique intérieure palestinienne et même israélienne, à leur « lâcheté », etc. Au final, déplore-t-il, Israël étant déjà « quasiment membre de l’Union européenne », il n’est pas surprenant que l’Europe prenne le parti, discrètement ou pas, naïvement ou sciemment, de l’un de ses plus sûrs protégés et qu’elle contribue à enraciner l’idée qu’il existe une « exception israélienne » qui immunise Israël contre toute critique et toute référence à la légalité internationale.

    Le vocabulaire utilisé par David Cronin ne fait pas dans la nuance : « Israël est un Etat voyou » ; l’Union européenne est « mandataire de l’occupation » israélienne ; le président et le premier ministre palestiniens sont des « collabos » effectuant « les sales besognes sous commandement israélien ». La dénonciation aurait gagné en force si les affirmations avaient été accompagnées par une analyse plus poussée. Dire, par exemple, que le processus d’Oslo était condamné depuis le départ est aujourd’hui une banalité. Peut-être aurait-il fallu dire en quoi. La question sur la pertinence de l’aide européenne et internationale à l’Autorité palestinienne et sur l’administration de cette aide est essentielle mais elle aurait mérité un développement plus critique.

    Le texte de Cronin renvoie plus au pamphlet qu’à l’analyse froide : le journaliste est un honnête homme engagé. Son livre est un appel à l’indignation et à l’action contre la politique israélienne et contre la réaction des Européens. Il prône l’Etat binational (un seul Etat pour deux peuples), le boycott d’Israël pour le contraindre à infléchir sa politique mais aussi pour faire acte de solidarité avec ceux qui recherchent la « justice », juste cause qui lui permet de faire l’impasse sur la realpolitik qu’il ne mentionne que dans les dernières lignes de son ouvrage.