Nidal

“You know what I did? I left troops to take the oil. I took the oil. The only troops I have are taking the oil, they’re protecting the oil. I took over the oil.”

  • Il y a quelques jours, c’était l’anniversaire de la bataille de Marjayoun (10 août 2006). C’est une bataille très importante quant à la signification et aux comportements de la « guerre de Juillet ».
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Marjayoun

    C’est, avant tout, le symbole d’une résistance invraisemblable face à plus d’une vingtaine de chars Merkavas et une centaine de soldats israéliens. Alors qu’on sait qu’un cessez-le-feu va être adopté, les Israéliens tentent désespérément d’obtenir un acquis sur le terrain (ainsi 90 % des frappes de bombes à fragmentation se sont produites dans les dernières 72 heures du conflit) et se ruent vers le fleuve Litani.

    Tsahal s’engage dans la ville vers 16h. Il n’y a aucune riposte et il atteint la place principale sans problème. L’armée israélienne tombe dans une embuscade du Hezbollah et perd 7 Merkavas. Il se replie en dehors de la ville où ils perdent 4 autres Merkavas.

    Pensant que les combattants ne possèdent que des armes lourdes, Tsahal décide de retourner combattre dans la ville mais cette fois à pied. Après une grosse bataille dans la ville, la centaine de soldats israéliens tentent de se replier mais ils se font encercler par le Hezbollah venant de Khiam d’un côté et le PSNS (parti social nationaliste syrien) de Marjayoun de l’autre.

    C’est important : lorsque le cessez-le-feu intervient, Israël ne peut mettre dans la balance aucune « conquête » réelle sur le terrain, mais uniquement des avancées parfaitement intenables avec des soldats traumatisées. Souviens-toi des troupes d’élite israéliennes déclarant à Libé : « Si on repart au Liban, on sait qu’on n’en sortira pas, on va mourir »
    http://www.liberation.fr/evenement/010156580-si-on-repart-au-liban-on-va-mourir

    Un point qui n’est pas anecdotique : Marjayoun marque aussi le fait que la Résistance ne se limite pas au seul Hezbollah et aux villes chiites.

    En revanche, la bataille est aussi un symbole de la trahison politique :

    Les soldats israéliens ne pouvant plus s’enfuir se réfugient[ dans la caserne de l’armée libanaise du général Adnan Daoud, commandant une force de 350 soldats libanais en mission humanitaire.

    […]

    Le 16 août 2006, le général Daoud est arrêté pour haute trahison après qu’une chaîne israélienne, suivie de la chaîne du Hezbollah Al-Manar et de la chaîne New TV, reprise plus tard par plusieurs chaînes du monde comme CNN, a diffusé un reportage montrant le général Daoud offrir du thé aux Israéliens. C’est Ahmed Fatfat, ministre de l’Intérieur, qui décide de l’arrêter.

    Le Hezbollah et ses alliés considèrent que Daoud n’a fait que suivre les ordres de ses supérieurs, et condamnent ainsi le premier ministre Fouad Siniora et surtout le ministre de l’intérieur Ahmed Fatfat. Ils considèrent que la bataille aurait été la plus grande du conflit israélo-arabe si les cent israéliens avaient été tués ou enlevés. D’un autre côté, le Hezbollah et ses alliés accusent aussi Daoud de ne pas avoir réagi en tirant sur les israéliens, car d’après la constitution libanaise, un général a le droit de prendre une décision sans demander l’accord à ses supérieurs s’il est en danger.

    En septembre 2006, il est relâché et reprend son poste à Marjayoun. Certains opposants aux gouvernements pensent que Daoud a menacé de dénoncer ses supérieurs.

    Lorsque, au Liban aujourd’hui, un politicien (comme le Président Sleiman) affirme que l’armée est prête à remplacer la Résistance, et que c’est aux représentants politiques de diriger les opérations, cet épisode n’est évidemment jamais oublié et les Libanais ricanent douloureusement.

    Et enfin, l’évacuation de la ville marque une nouvelle trahison israélienne et un nouveau massacre de civils (et, au passage, l’inefficacité totale de la FINUL et le refus de l’ONU de protéger les civils libanais) :

    Le 11 août 2006, un accord est passé entre la Force intérimaire des Nations unies au Liban, le Hezbollah et Israël. Les habitants, civils et militaires, peuvent partir vers le Nord en toute sécurité.

    Un convoi de 759 voitures escorté par 2 véhicules de la FINUL emportant 3000 personnes quitte la ville. Le convoi dépasse Hasbaya, à 13 km de Marjayoun, lorsqu’il subit un bombardement aérien israélien 30 km plus loin.

    Les autorités libanaises parlent de 9 bombes, les 2 premières ayant frappés la première et la dernière voiture. On compte 7 morts et 36 blessés parmi les occupants du convoi.

    Traduction d’un article du Safir :
    http://english.alahednews.com.lb/essaydetailsf.php?eid=15939&fid=55

    At the break of dawn, on Thursday 10/8/2006, the Israeli army took its ground expansion decision into action, and started expanding from the eastern strip of Khiyam towards Marjayoun. When we met in Ain el Tini, flamed Merkavas footages in Khiyam and Marjayoun were broadcasted on satellite channels, and after talking with youth staying in that region, we spread the facts of the Israeli groups’ collapse that got muddled as soon as they went in and then took shelter in Marjayoun barrack.

    Joint Lebanese security forces were in that barrack, when they received orders not to act against the Israeli incursion into the barrack, which allowed the Israelis to search it all, seize weapons, and took a seat aside to Lebanese officers. The official political stance to this incident put down many Lebanese, for it belittled the image of Lebanese security officers, after watching their humiliating reaction on TV. Given that many phone calls were made among PM Siniora, MP Saad Hariri and the ministers of interior and defense in order to fix it, but President Berri and Hezbollah weren’t satisfied with the results.