• Égypte - Frères musulmans : « Nous devons parler de religion, et moins de politique », par Fatiha Temmouri

    Dissidence, rapport à l’islam, à la politique, à l’usage de la violence, les Tamarrod fréristes veulent proposer une alternative.
    http://www.lepoint.fr/monde/egypte-freres-musulmans-nous-devons-parler-de-religion-et-moins-de-politique

    À l’image des militants Tamarrod (rébellion en arabe) qui, par un vaste mouvement de pétitions, ont largement contribué au renversement de Mohamed Morsi, le 30 juin, les « Tamarrod fréristes » mènent campagne depuis plusieurs mois pour recueillir des signatures afin d’ écarter les dirigeants les plus radicaux de l’organisation .
    (...)
    Nous sommes prêts à discuter avec le gouvernement de transition. C’est ce que nous leur avons annoncé lorsqu’ils ont pris contact avec nous. Mais nous avons fixé nos conditions : nous voulons tout d’abord qu’ils cessent d’effectuer des arrestations arbitraires, qu’ils libèrent Mohamed Morsi, qu’ils mettent fin à leur campagne « L’Égypte contre le terrorisme », largement relayée par les médias nationaux, parce que nous ne sommes pas des terroristes. Nous exigeons également d’être représentés au sein de la commission chargée de réviser la Constitution. Nous souhaitons ensuite des garanties sur le processus électoral, notamment le respect de la feuille de route pour des élections dans les délais annoncés.

    Leur poids :

    La jeunesse au sein de la confrérie est aujourd’hui majoritaire. 60 % des adhérents sont âgés de 20 à 38 ans. De plus, beaucoup de hauts responsables ont été arrêtés. Nous représentons la troisième ligne, celle qui est prête à prendre le relais. De nombreux chefs de bureaux régionaux nous appuient. Il ne faut pas oublier que notre influence se situe hors du Caire.

    Leur priorités :

    Nous devons parler de religion, et moins de politique. Nos dirigeants ont tellement instrumentalisé l’islam à des fins électoralistes que n’importe quel barbu entrevu dans la rue aujourd’hui est soupçonné de faire de la politique. La confrérie est entrée dans la violence et, de ce fait, s’est éloignée des principes du martyr Hassan el-Banna, son fondateur en 1928. La confrérie a besoin de se restructurer de l’intérieur, de revenir activement sur le terrain social. C’est en somme ce que nous savons le mieux faire.

    Les Frères musulmans, un mouvement violent ?

    On ne peut pas dire qu’il n’a pas existé un discours encourageant la violence de la part de quelques responsables ; on ne peut pas dire qu’il n’y a pas eu de comportements violents (...) mais la pensée et la philosophie des Frères musulmans sont très éloignées de la mouvance djihadiste ou salafiste. Cela étant, après le coup d’État ou le coup de force de l’armée - appelez-le comme vous voulez - et l’arrestation du président, ce sont les djihadistes qui se sont sentis solidaires de la confrérie, et non le contraire. Pourquoi ? Uniquement parce que l’islam nous réunit. Croyez bien que nous nous serions passés de cette solidarité. Pensez-vous qu’une organisation internationale comme la nôtre, qui possède des bureaux dans plus de quatre-vingts pays à travers le monde, puisse basculer dans le djihadisme ?

    #FM #MB #islamisme #Egypte