Pierre Coutil

de celles et ceux qui marchent avec… (enfin qu’essayent).

  • Lettre à un jeune prof (Eveline Charmeux)
    http://www.charmeux.fr/blog/index.php?2013/08/21/222-lettre-a-un-jeune-prof

    Nous travaillons avec des personnes, les élèves, qui sont absolument nos égaux en droit […]. Cela veut dire qu’un enseignant a certes des responsabilités à leur égard, mais n’a aucun pouvoir sur eux. La fameuse « autorité », dont on va te rebattre les oreilles, n’a rien à voir avec le fait d’exiger de l’obéissance, au besoin par la peur.

    […]

    Notre tâche est de faire en sorte que les élèves apprennent.
    Il est donc impossible de leur demander d’effectuer des activités qui n’ont pas fait l’objet d’un apprentissage précis préalable. […]
    De la même manière, si tu veux qu’ils puissent les réussir, tu devras prévoir des moments d’apprentissage de la lecture des consignes d’exercices : la première cause d’échecs des élèves dans les diverses disciplines est en effet qu’ils n’ont pas compris ce qu’on leur demandait de faire dans la consigne.

    […]

    Ce qui définit un apprentissage réussi, c’est la possibilité de réinvestir ce qui a été appris en commun dans des situations diverses. Or, pour obtenir ce résultat, il faut que l’élève ait été actif : il faut qu’il ait travaillé à partir de ce qu’il a entendu ou observé. Actif et coopératif : qu’il ait travaillé en collaboration avec ses pairs. Pour qu’il soit coopératif il faut qu’il puisse échanger librement avec ses camarades de travail. S’entraider n’est pas tricher. Collaborer est éducatif.
    […]
    En fait, un cours magistral ne peut aider que les enfants qui se sont posé des questions avant d’arriver... Et tu vois aisément de quels enfants il peut s’agir. Si bien que le système que tu as connu — le Maître parle, les élèves apprennent ce qu’il vient de dire, ils font les exercices que le Maître leur demande de faire et ils ont droit ensuite à une correction qui leur dit (trop tard) ce qu’il aurait fallu faire — est en réalité celui d’une école d’élite sociale qui favorise ceux qui savent déjà, et laisse sur le palier ceux qui sont là pour apprendre ce qu’ils ne peuvent apprendre qu’à l’école.

    […]

    Je voudrais seulement en ajouter une, la dernière, apparemment secondaire aux yeux de beaucoup mais absolument essentielle aux miens.
    Je te la dis comme une prière :
    Mets du soleil dans ta classe !! De la beauté sur ses murs, dans les textes que tu fais lire, dans les musiques que tu fais écouter — souvent ! — , dans les poèmes que l’on savoure chaque matin. Que la vie de tes élèves avec toi, grâce à toi, vibre d’émotions qui les marqueront pour toujours, frémisse d’enthousiasmes, d’admiration, de rires et d’humour. Que l’on s’y amuse à créer, à détourner, à transformer, à ne pas obéir. Que disparaisse définitivement ce qui depuis des années tue lentement l’école : l’ennui, la peur, les menaces, les classements et les notes.

    #éducation #apprentissage #école #pédagogie