• Une nouvelle carte géopolitique arabe ? Pr. K. CHATER - Transversaux
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    Comment lire la nouvelle carte géopolitique du monde arabe ? Le Professeur K. Chater présente les évolutions, les repositionnements, les lignes de démarcation des alliances ... et les questions en suspens.

    LE paysage arabe est marqué par le "printemps arabe" et ses effets sur les relations régionales. Les pays du Golfe et en particulier l’Arabie Saoudite craignent la contagion du processus de changement politique et expriment leur méfiance vis-à-vis des nouveaux pouvoirs en Egypte, en Tunisie et en Libye. En revanche, le Qatar, à la recherche d’un rôle international, transgresse les alliances naturelles et perturbe l’ordre au sein du Conseil Golfe et bien au-delà. La Syrie est l’enjeu d’une lutte régionale, qui a ses retombées sur les pays du voisinage : le Liban est désormais l’arrière-scène de cette guerre, alors que la Jordanie et l’autorité palestinienne tentent d’affirmer leur neutralité. L’Irak post-Saddam Hussein relativise ses ambitions. L’Egypte, préoccupée par ses problèmes internes, s’accommode de son nouveau statut qui limite ses marges de manœuvre. Les données objectives s’accommodant du mythe de l’union de l’oumma, la communauté arabe, portée par "la géopolitique de l’émotion" qui marque l’opinion dans cette aire, les dés sont désormais jetés. La révision de la carte géopolitique du Moyen-Orient est à l’ordre du jour.

    I. La réactualisation de la guerre froide dans l’aire arabe
    Continuité de la guerre froide au Moyen-Orient [1], ses pays ont maintenu leurs régimes soit dans l’alignement avec l’Est (Syrie, Irak, Libye), soit dans l’alignement avec l’Ouest (pays du Golfe, Egypte, Jordanie). Pendant cette période, trois capitales : Le Caire, Damas et Bagdad s’étaient érigées en puissances régionales, dominant l’aire arabe. Engagée avec le soutien des pays du Golfe, la guerre contre l’Irak, en mars 2003, a assuré l’hégémonie américaine sur les plus importantes réserves d’hydrocarbures de la région. Elle a consolidé ses alliances avec les principaux pays du Moyen-Orient, à l’exception de la Syrie et de l’Iran. D’autre part, le Président G. W. Bush (fils) a engagé, dans le cadre du suivi de l’occupation américaine de l’Irak, son projet du Grand Moyen-Orient, qui avait pour objectif de remodeler une vaste zone géographique allant du Maroc au Pakistan. Le "printemps arabe" a- t- il permis à l’hyperpuissance de finaliser ce projet ?

    L’actualité fait valoir la démarcation idéologique entre la Syrie et ses alliés Hizb Allah, au Liban et Hamas, sur le territoire palestinien, qui incarnent le camp de la résistance et l’aile modérée, formée par les pays du Golfe, la Jordanie et dans une moindre mesure l’Irak et l’Egypte. En effet, le rapprochement « naturel » de l’Irak avec l’Iran chiite et la pause stratégique conjoncturelle de l’Egypte, limitent leurs engagements géostratégiques. Le soutien des Etats-Unis à la résistance syrienne et la défense russe du régime de Bachar al-Assad réactualisent au Moyen-Orient la guerre froide. Peut-on, d’autre part, définir l’alliance entre l’hyperpuissance et les régimes islamiques qui ont pris le pouvoir à la faveur des "révolutions" arabes ? L’analyse des relations attestent l’existence d’un compromis entre le régime américain et les nouveaux acteurs.

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