odilon

artiste aux mains pleines de doigts - visionscarto.net - Autrice de Bouts de bois (La Découverte)

  • L’injustice selon Albert Jacquard | Le Monde des Lecteurs
    http://mediateur.blog.lemonde.fr/2013/09/23/linjustice-selon-albert-jacquard

    « Oui, j’ai un souvenir précis, ça paraît ridicule, totalement infantile, mais effectivement j’ai souvenir d’avoir été révolté. C’était en classe de 8e à peu près, oui, je devais avoir huit ans, et on préparait un chant, je m’en souviens, « Mon beau sapin, roi des forêts ». Vous savez, comme on chante quand on est enfant. Et on préparait dans ma classe ! Je vois encore l’institutrice, Madame Aubagne, c’est une des rares dont j’ai retenu le nom. Et elle nous faisait chanter. Et puis, il y a eu quelqu’un qui chantait faux dans le groupe. Elle a dit : « C’est Albert Jacquard qui chante faux. Allez Albert Jacquard, tu chantes faux, tu le fais exprès, tu ne chanteras pas le jour de Noël ». Et effectivement, le jour de Noël, moi je suis resté à ma place pendant que tous les petits camarades allaient sur la scène pour chanter « Mon beau sapin, roi des forêts ». Or, c’est pas vrai ! C’était pas moi qui chantais faux. Je dis pas que je chante bien, mais j’avais vraiment le sentiment d’avoir été victime d’une injustice comme on n’en fait plus ! Une injustice horrible ! C’était le monde entier qui aurait dû s’effondrer devant une chose pareille. Alors j’étais scandalisé ! Maintenant vraiment je remets les choses en place, mais cela met bien en évidence que pour un enfant, quand il a le sentiment d’être victime de quelque chose, c’est monstrueux, c’est insupportable… J’aurais été prêt peut-être pas à égorger cette madame Aubagne qui était une femme excellente d’ailleurs, mais prêt à tout. J’ai cru que j’étais méprisé ! Evidemment je ne l’étais pas, mais j’ai cru que je l’étais. »

    Ça me rappelle un souvenir de maternelle. D’une façon générale, ma scolarité a été sans problème : assez bonne élève, j’avais la sympathie des instits (souvent on me collait les nouveaux arrivants) et pas mal de potes, j’étais juste très vivante (pour ne pas dire dissipée). Donc, pendant cette année de maternelle, une petite peste avait le don de me pourrir la vie, juste comme ça pour m’emmerder. Il faut dire qu’à l’époque, j’étais très ronde mais je ne sais si c’est la raison de son animosité envers moi. Vers la fin de l’année, nous étions en rang dans le couloir pour aller à la cantine, quand cette peste m’a sorti une dernière vacherie. N’y tenant plus, je me suis vers elle et je l’ai mordu au bras. Quand je dis mordu, c’est vraiment mordu, il y avait les marques rouge, presque au sang. Evidemment, je me suis fait copieusement enguirlander par l’instit et j’ai été punie. Mais là où j’ai trouvé qu’il y avait une grande injustice, c’est qu’au dernier jour de classe, pour clore en beauté l’année, il y a eu une distribution de petits cadeaux pour tous les élèves. Je n’en ai pas eu et l’autre pétasse en eu deux. Je trouvais cela très révoltant parce que j’avais déjà été punie pour mon forfait et que le restant de l’année j’étais plutôt sympa alors que l’autre non.
    #enfance #c'est_pas_juste