Anina Ciuciu, ex-mendiante Rom, future juge - ouest-france.fr
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Juste parce que ça fait du bien de lire autre chose.
Anina reconnaĂźt quâelle doit beaucoup Ă sa famille, qui a toujours eu la volontĂ© dâĂ©chapper au triste destin des Roms de lâEst, « considĂ©rĂ©s comme des sous-hommes ». Son grand-pĂšre tenait une Ă©picerie, son pĂšre Ă©tait comptable, sa mĂšre aide-soignante dans un hĂŽpital. Des emplois obtenus moyennant le fait dâavoir cachĂ© leurs origines, et perdus le jour oĂč celles-ci ont Ă©tĂ© dĂ©couvertes. « Des Roms qui rĂ©ussissent, lĂ -bas, il y en a. Mais on ne le sait pas, parce quâils se sont fondus dans la masse. »
Un jour de 1997, alors quâAnina a 7 ans, elle sâentasse avec ses parents et ses deux soeurs dans la guimbarde dâun passeur. Direction la France, « pays des oranges et des mandarines ». AprĂšs de multiples pĂ©ripĂ©ties, la famille atterrit par hasard Ă Bourg-en-Bresse, dans lâAin. Elle vit dâabord dans une camionnette. Le pĂšre vend des journaux, la mĂšre et les enfants mendient. LĂ , au marchĂ©, une passante qui deviendra une amie les guide vers des associations. De fil en aiguille, ils obtiennent un logement HLM, les parents arrivent peu ou prou Ă travailler.
Anina, qui a toujours aimĂ© lâĂ©cole, se montre trĂšs douĂ©e. « Jâavais envie de montrer que bien que Roumaine, je nâĂ©tais pas forcĂ©ment malhonnĂȘte. » Pas toujours facile. « On mâa parfois traitĂ©e de sale Rom. Ma mĂšre me donnait des bonbons pour que je me fasse des copines. Elles prenaient les bonbons et elles partaient ! » Au collĂšge, les choses changent. « Jâavais toujours droit Ă des moqueries, mais parce quâon me considĂ©rait comme une intello ! »
Aujourdâhui, aprĂšs de brillantes Ă©tudes de droit Ă Bourg-en-Bresse, antenne de lâuniversitĂ© de Lyon, la jeune femme veut plus que jamais devenir magistrate. Elle a « une trĂšs forte envie de combattre les injustices ». Elle a acceptĂ© de raconter son histoire dans un livre, parce quâelle veut « faire changer le regard sur les Roms ». Pas parce quâelle considĂšre quâil est exceptionnel quâune Rom rĂ©ussisse ! « Les Roms ont les mĂȘmes capacitĂ©s que tout le monde. »
Elle ne nie pas quâil y ait des problĂšmes de dĂ©linquance. « Comme dans toutes les communautĂ©s ! Mais je ne sais pas dâoĂč la police sort ses chiffres. Et câest la misĂšre qui pousse Ă ces comportements, ce nâest pas intrinsĂšque aux Roms. Il y a aussi des rĂ©seaux qui profitent des familles, exploitent des enfants. »