Sabine Blanc

Pfff, LEGO, hacker, sécurité, etc.

  • Etude très intéressante sur le machisme dans l’alpinisme, avec une mention spéciale à Chamonix (ça date de 2005, mais ça n’a guère dû changer)

    Plus généralement, les enquêtées soulignent le manque de reconnaissance de la part de certains de leurs collègues, en particulier dans le milieu chamoniard où la domination masculine est exacerbée par un fort traditionalisme. Comme l’affirme Danielle, « les femmes guides remettent en question l’image du bel homme viril, avec de gros bras », et certains hommes considèrent la féminisation de la profession comme une dévalorisation de leur fonction (Cacouault-Bitaud, 2001). De fait, l’entrée des femmes dans la profession questionne le rôle accordé traditionnellement à la force physique et démontre son caractère secondaire et parfois inutile (voire dangereux) du strict point de vue de l’activité professionnelle (Dejours, 1993). Par là-même, elles questionnent le processus de construction de la virilité dans ce métier très masculin.

    http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=TGS_013_0117

    #alpinisme #sport #Chamonix #genre #guide #métier

    • Peut-être que c’est parce que je suis dans un bon groupe, mais dans le monde de l’escalade, je n’ai pas senti de gros machisme, même si les machos ont tendance à être partout. Dans la mesure où je navigue dans des groupes qui pratiquent pour le plaisir et pas la #compétition, la pratique est mixte et ouverte et notre niveau moyen fait que le muscle ne l’emporte pas sur la technique.
      Mais j’ai des potes qui ont atterri dans des groupes à mâles dominants, sans aucun esprit de coopération (ce qui est débile, en escalade), concours de bites permanents où la recherche de la compétition débouche souvent sur l’accident.

      En fait, plus que le #sport, c’est l’esprit de compétition qui est, pour moi, le ferment du machisme, le règne du gros gourdin, la loi du plus fort. Une pratique sportive sans compétition n’a pas du tout les mêmes enjeux et donc, à mon sens, ne crée pas les mêmes comportements.

      Même constat dans mon groupe de randonnée où la règle n’est pas d’arriver le premier mais de veiller à ne perdre personne dans la pampa.

    • l’escalade n’a jamais posé de problème de ce point de vue, c’est un sport qui a été jugé convenable pour les femmes dès son explosion grand public dans les années 80, avec par exemple Destivelle, c’est un sport souvent comparé à de la danse sur un mur. Et même Patrick Edlinger, avec ses cheveux longs, sa fine gueule, son hypersensibilité, avait des allures d’éphèbe androgyne. A fortiori pour la randonnée, qui n’engage pas ou peu, d’où l’absence d’assurage. Discipline par excellence des amoureux de la nature, contemplatif, patient, que des qualités féminines.
      L’alpinisme, ou disons un certain type d’alpinisme, remet en question des stéréotypes bien plus que l’escalade, ne serait-ce que par l’équipement qui renvoie à une rhétorique guerrière : il faut « s’armer » pour « vaincre » la montagne. Dont la caricature reste, pour moi, Maurice Herzog, tombeur de sommet et de femmes.

    • Edlinger avait des vérins hydrauliques à la place des bras, pas très « miss France », quand même ;-)

      Je trouve quand même la #mixité et l’absence de compétition comme bons indicateurs qu’un sport n’est pas machiste.

      Je me souviens, un jour, on part grimper en groupe et en falaise, au mois de janvier, sur une face sud. Bonne ambiance et tout, il se trouve qu’il se met à faire super chaud, mais vraiment super chaud. Donc, on pèle l’oignon et voilà que je me souviens que j’ai mes jambes de yéti, parce que c’est hiver et que je m’en tape. Un des gars le comprend et me fait remarquer qu’en fait, c’est moi qui m’enfonce toute seule dans le clichton sexiste, parce que personne n’en a rien à foutre du poil aux pattes et que l’important, c’est de grimper « confort ».
      Ça faisait du bien à entendre, en fait.
      Après, c’est peut-être parce que j’ai tendance à fréquenter des gens qui pensent un peu comme moi, même dans le sport.