• « Seuls les morts pourront rester. »
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    Durant quelques heures, l’ampleur de la tragédie a semblé ébranler le discours bien rodé qui mêle larmes de crocodile versées sur les victimes et dénonciation des infâmes trafiquants d’êtres humains. L’Italie a décrété un jour de deuil national. Le pape François Ier a parlé de « honte » pour un monde qui « globalise l’indifférence » et place l’argent au-dessus de l’humain. La maire de Lampedusa, en pleurs, a invité l’Europe à venir compter les morts avec elle. Laurent Fabius, ministre des Affaires françaises extérieures, a affirmé que « la Méditerranée ne [pouvait] pas rester un immense cimetière à ciel ouvert », avant de décréter qu’il fallait agir : « Ça veut dire quoi, agir ? Ça veut dire “développement, contrôles, sanctions”. » La mairie de Rome a proposé d’accueillir les survivants. Le chef du gouvernement italien a promis que « toutes les victimes » seraient naturalisées – mais, réflexion faite, les « victimes » ne sont que les morts et les survivants sont placés en centre de rétention, passibles d’une amende de 5 000 euros et d’une expulsion vers leur pays d’origine. Les pêcheurs et autres riverains qui se sont portés au secours des naufragés bien avant les frégates de la Guardia di finanza – ô le sibyllin symbole ! – sont également passibles de poursuites pour « trafic d’êtres humains »…

    #migration #Italie #Lampedusa #répression