• Justice à deux vitesses et sabotage de la paix - L’Espagne fête les 30 ans du #GAL | Enbata
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    Enrique Rodriguez Galindo a laissé de son passage en #Pays_Basque un souvenir impérissable. Non seulement Lasa et Zabala sont morts durant ses années de service, mais également Mikel Zabaltza. Ce dernier, arrêté et torturé à Intxaurrondo, fut retrouvé, noyé dans la Bidassoa le 15 décembre 1985. Victime du supplice de la baignoire, l’enquête montra qu’”on” lui avait introduit artificiellement de l’eau de cette rivière dans ses poumons, pour faire croire à une noyade. “GALindo” est connu pour étant un des plus grands tortionnaires espagnol en activité en Euskal Herria. Mais il y a plus. Un rapport interne de la garde civile l’accusa le 17 octobre 1992, de tirer profit du trafic de drogue dans notre pays. Ustelkeria, une chanson de Negu Gorriak, immortalisa ses forfaits (1).
    Le général de la garde civile perd son statut de militaire en 2002. Sans doute faisait-il un peu tâche au sein de la “benemérita”. Mais ce héros de la “guerre sale” est bardé de décorations, douze au total (2). Ses hommes de main, les gardes civils Felipe Bayo et Enrique Dorado, ont été condamnés à 68 ans de prison, puis rapidement libérés. Toujours dans la même affaire, ce sont eux qui concrètement, ont enlevé à Bayonne, séquestré dans les caves du palais désaffecté de La Cumbre à Saint Sébastien, #torturé, assassiné, dissous les chairs dans 50 kg de chaux vive et enfin enterré près d’Alicante, les corps de Lasa et Zabala. Les deux policiers prirent la peine de revendiquer leur forfait en téléphonant le 20 janvier 1984 à la radio Cadena Ser d’Alicante : “A trois heures de l’après-midi, nous avons exécuté les membres d’ETA Lasa et Zabala. Avant de mourir, ils ont demandé un prêtre. Nous avons refusé, ils ne le méritaient pas”. Leurs squelettes réapparurent vingt ans plus tard. Lors de son procès, Rodriguez Galindo déclara : “Avec des hommes de cette trempe, nous aurions pu conquérir toute l’Amérique du Sud”. L’assassinat de Lasa et Zabala fut le premier d’une longue série, destinée à faire plier le gouvernement français considéré comme trop laxiste à l’égard des réfugiés basques présents en Iparralde. Révélée dans tous ses détails durant les années 90, cette affaire est significative de ce qu’un chroniqueur du quotidien El Mundo appela “l’#Espagne démosquelettique”.

    Le 17 octobre 2011 s’est tenue la Conférence internationale d’Aiete http://fr.wikipedia.org/wiki/Conférence_internationale_de_paix_de_Aiete demandant à l’ETA de déclarer publiquement l’arrêt définitif de toute action armée, et aux gouvernements d’Espagne et de France à consentir à l’ouverture d’un dialogue.
    Le 20 octobre 2011, 3 jours après la conférence internationale, ETA annonce la fin définitive de la lutte armée. Quant aux gouvernements...

    Le 27 septembre 2013, l’ancien preso Patxi Segurola assigné à résidence en Bourgogne, est extradé en Espagne. Trois jours plus tard, le 30 septembre, la police espagnole arrête 18 membres de Herrira, mouvement chargé de la défense des droits des #prisonniers_politiques_basques. L’association est interdite pendant deux ans, ses comptes sont bloqués, ses locaux à Hernani, Iruñea, Bilbo et Gasteiz sont fermés. Dans cette même affaire, Emilie, la sœur d’Aurore Martin, sera prochainement convoquée par l’Audiencia nacional. Si elle ne se rend pas à Madrid, la procédure du mandat d’arrêt européen lui sera appliquée. Le jour où l’opération policière contre Herrira bat son plein, la Garde des Sceaux française Christine Taubira reçoit à Paris le ministre de la Justice espagnol Alberto Ruiz Galardon. Cette femme de gauche qui fut, avant de faire carrière en France, militante indépendantiste guyanaise, signe avec son homologue espagnol une nième déclaration, pour “renforcer le dispositif de lutte contre le terrorisme” basque et islamiste. Sans l’ombre d’un état d’âme.
    Le 7 octobre, le tribunal correctionnel de Paris condamne Asier Eceiza à 8 ans de prison. Le 8 octobre la police belge, avec la collaboration de la Policia Nacional et des Services secrets espagnols, arrête Natividad Jauregi Espina, en fuite depuis 1979. Le 13 octobre, le secrétaire d’Etat à la Sécurité, Francisco Martinez annonce que l’objectif numéro 1 de la police nationale et de la garde civile est d’arrêter Josu Urrutikoetxea, militant historique d’#ETA. Elles y travaillent “nuit et jour”. Le 14 octobre, commence à l’Audiencia nacional le procès de 41 membres de l’organisation de jeunesse Segi. Le ministère public demande 7 à 9 ans de prison pour ces jeunes Basques accusés d’appartenir à une organisation terroriste. Aux yeux des Espagnols, “tout est ETA”, dès qu’il est question de mouvement indépendantiste.

    Justice pour vainqueur, #justice pour vaincu
    Le 17 octobre, Iñigo Vallejo, arrêté en France en 2003 est remis à la #police espagnole. Toujours le 17 octobre, débute à Madrid un méga-procès contre 36 dirigeants de Batasuna, impliqués dans le réseau des Herriko taberna, une centaine de sièges publics des organisations de la mouvance souverainiste. Parmi les accusés, plusieurs figures de proue du mouvement : Rufi Etxeberria, Joseba Permach, Joseba Alvarez, Floren Aoiz ou encore l’ancien député européen Karmelo Landa, artisans majeurs du #processus_de_paix actuel. Ils risquent entre 10 et 12 ans de prison. La Cour suprême espagnole, le 17 octobre, quelques dizaines d’heures avant que la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) ne remette en cause la “doctrine Parot”, l’inflige au preso Juan Maria Gabirondo. On attend désormais la contorsion juridique que mettront au point les juristes espagnols pour contourner ou largement diminuer les effets de la décision de la CEDH.
    Trente ans après le premier attentat du GAL, voilà la photographie de 20 jours de répression politique franco-espagnole en Pays Basque. Plus qu’un long discours, elle en dit long sur l’ampleur des moyens mis en œuvre et le nombre des fonctionnaires sollicités pour réduire une petite nation européenne qui réclame l’égalité.
    L’Espagne est une et indivisible. Elle applique le droit. Il est rédigé par d’éminents juristes, voté par des parlementaires élus démocratiquement. Mais, selon que vous soyez Basque ou Espagnol, vainqueur ou vaincu, dominant ou dominé, les juges n’appliquent pas le droit de la même façon. “Avec discernement”, comme dirait Manuel Valls à propos des expulsions. Sur notre continent, ils appellent cela l’Etat de droit. Dans l’indifférence générale.

    Une illustration parmi d’autres de ce deux poids, deux mesures
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