#Ernest_Pignon-Ernest : « Le dessin affirme la pensée
et la main, il affirme l’humain » | Humanite
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J’étais allé dans la prison quand il y avait encore des détenus à l’intérieur alors qu’elle est maintenant désaffectée. Il y avait un atelier de dessin et de peinture et certains de ceux qui avaient vu mon travail avaient demandé s’ils pouvaient m’inviter. J’avais donc déjà un petit lien avec cette prison quand elle a été vidée ; et un des animateurs qui avait fait le lien avec les détenus m’a dit : « Tu ne voudrais pas faire quelque chose avant qu’on la détruise ? » Je me suis donc baladé dans la prison. D’abord, quand tu es là, on sent cette charge de drame et de souffrance qui est comme inscrite dans les murs. Je marche et là, je vois une plaque par terre avec quatre noms et ces mots : « Tombés sous les balles nazies ». Je note les quatre noms et puis je cherche et je joins la nièce de l’un de ces hommes. Un dénommé Bertrand. On se voit, on discute et, au bout d’un moment, elle me dit : « Mais vous savez, ils ne sont pas tombés sous les balles nazies, ils ont été exécutés ici par la justice française d’alors. On a écrit ça à la Libération et nous luttons pour rétablir la vérité. »
Dans une interview, je dis, paraphrasant un peu Klee, que je ne cherche pas à représenter, je cherche à rendre présent. Alors c’est vrai que ma démarche a souvent été mal comprise. En fait, elle est contextuelle et conceptuelle.