• Berlin doit cesser d’asphyxier l’Europe
    http://www.alternatives-economiques.fr/berlin-doit-cesser-d-asphyxier-l-eu_fr_art_633_67195.html

    En privilégiant des politiques trop restrictives et en traînant les pieds pour réformer l’architecture de la zone euro, la politique du gouvernement allemand menace toujours l’avenir de l’Europe. Il est temps de secouer le cocotier.

    Cette tribune a également été publiée dans le quotidien Le Monde

    « Il serait à la fois tragique et ironique que, avec les meilleures intentions du monde et des moyens pacifiques cette fois, l’Allemagne soit, pour la troisième fois en un siècle, à l’origine de la ruine de l’ordre européen » écrivait en 2012 Joschka Fischer, ancien ministre des affaires étrangères allemand. En ce début 2014, l’ordre européen ne s’est pas effondré mais l’interrogation soulevée par Joschka Fischer n’en reste pas moins d’actualité : en privilégiant toujours des politiques économiques excessivement restrictives, en cherchant à freiner les actions de la Banque centrale européenne et en persistant à traîner des pieds sur tous les projets – OMT, Union bancaire… – susceptibles de corriger les défauts structurels patents de la zone euro, la politique du gouvernement allemand continue de menacer l’avenir de la construction européenne. Face à cela, les autorités françaises ont manifestement choisi pour l’instant de faire profil bas et de se plier aux desiderata d’Angela Merkel en espérant pouvoir ainsi l’amadouer et infléchir suffisamment le cours de sa politique avant qu’il ne soit trop tard. Une politique qui n’est à la hauteur ni des risques ni des enjeux.
    La crise de la zone euro est loin d’être finie

    Qu’on ne s’y trompe pas en effet : ce n’est pas parce que la zone euro devrait retrouver un petit peu de croissance cette année, que la question de la survie de l’euro cessera de se poser. Cette faible lueur au bout du tunnel a toutes chances au contraire d’aiguiser les tensions. Ce n’est pas quand la crise s’aggrave que se produisent les explosions sociales : chacun cherche alors à préserver son emploi, sa famille, ses proches. Quand, par contre, revient un peu de croissance, c’est à ce moment là que les frustrations accumulées pendant la crise s’expriment : ceux qui ont vu leur pouvoir d’achat fondre veulent se rattraper tout de suite, ceux qui ont perdu leur emploi veulent en retrouver un sans attendre… Il n’est pas certain cependant que les tensions les plus vives se produisent dans les pays de la périphérie de l’Europe : la France semble être aussi un bon candidat pour des crises majeures avec sa gauche très affaiblie et son extrême droite puissante, ses multiples groupes sociaux exaspérés et ses corps intermédiaires débordés. Mais c’est le cas également des Pays-Bas où l’activité stagne depuis longtemps, qui n’arrivent pas eux non plus à rétablir leurs finances publiques, où les tensions ethniques sont très fortes et l’extrême droite puissante. Comment faire comprendre à nos voisins que la politique allemande mène l’Europe au bord du gouffre ? Et notamment ses deux principaux alliés et partenaires commerciaux.

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