Reka

géographe cartographe information designer - rêveur utopiste et partageur de savoirs

  • ▶ L’atonalisme. Et après ? - YouTube

    https://www.youtube.com/watch?v=Yot1zZAUOZ4#t=651

    Toujours identifié par Julien Joubert, moi je ne fais que reproduire ce qu’il a découvert, mais c’est génial de chez génial. Tonal versus atonal. Ici quelle réponse(s) aux « questions musicales » ? il y a celles qui sont attendues, d’autres inattendues. Certaines possibles, d’autres hors du champs des possibles... (selon notre « éducation musicale »). C’est génial je vous dis.

    Mais le problème : il faut travailler, pas le temps de tout voir (maintenant). Et ce « champs des possibles », ces « fausses notes qui ne sont pas fausses », ça donne beaucoup d’idées métaphoriques pour la cartographie.

    Conférence de Jérôme Ducros au Collège de France

    #musique #musique_tonale #musique_atonale

    • @reka Oui, génial, mais malheureusement, depuis,
      http://www.philippemanoury.com/?p=5182 (un peu technique)

      Comment comprendre qu’un tel discours ne se contente que d’une avalanche de récriminations sans que rien ne soit dit des promesses supposées d’un retour aux valeurs tonales ? Mises à part les quelques phrases flatteuses, ô combien complaisantes, sur les beautés de la musique de son hôte Karol Beffa, Jérôme Ducros ne nous donne pas le moindre exemple de ce à quoi il aspire, hormis ce grand retour salvateur. Rien n’est dit sur la nécessité intérieure qu’il y aurait à composer à nouveau des œuvres franchement tonales et tout empreintes des caractéristiques de la musique romantique. Rien n’est dit sur l’urgence de créer des mondes sonores qui auraient leur propre authenticité grâce à l’invention de quelque forme d’expression nouvelle.

      D’où (bon résumé)
      http://www.franceculture.fr/emission-revue-de-presse-culturelle-d-antoine-guillot-des-artistes-qui

      Puis (avec au moins le mérite du débat - quoique houleux) http://www.franceculture.fr/emission-repliques-13-14-ou-va-la-musique-contemporaine-2013-11-09

      Moralité, bien cher payé en controverses, le moment de grâce et d’intelligence.

    • @alexandre j’ai donc pris le temps d’écouter l’essentiel du débat et le billet de 4 minutes. J’ai aussi lu le billet de Manoury et écouté ses « contre-exemples » et je suis assez dubitatif.

      Cette querelle faite à Ducros me fait penser - un peu - au combat terrible et parfois déprimant auquel se livrent les trolls sur les forums des sites internet, des blogs, etc...

      J’ai regardé encore quelques extraits de la conférence de Ducros, et je les compare avec les critiques de Manoury, j’ai écouté encore les arguments de Manoury dans l’émission de Finkielkraut (je suis pas vraiment fan) et je ne vois pas tellement l’intérêt de cette mauvaise querelle.

      Je ne suis pas un expert en musique contemporaine, mais je suis musicien, pianiste amateur, j’ai beaucoup joué en piano solo, en formation de chambre, en groupe, j’ai chanté en formation chorale pendant 20 ans, et j’ai vraiment beaucoup ri, apprécié sa culture musicale, reconnu beaucoup de problèmes harmoniques auxquels nous avions du mal à trouver des solutions, des « résolutions » à travers le « champs des possibles » selon ce qu’on avait envie d’entendre, ce qui nous faisait plaisir. Je me suis bien retrouvé dans cette conférence, j’ai retrouvé beaucoup de références musicales, harmoniques qui ont jalonné ma vie.

      La musique c’est comme le vin, la peinture, on aime ou on aime pas, on est plus sensible à tel ou tel style. Il faudrait garder une totale spontanéité et oser dire qu’on aime, qu’on a été touché par telle oeuvre, que ce tableau ou cette descente harmonique vous donne des frissons dans le dos sans craindre de passer pour un tocard qui n’a rien compris : et ici, j’ai bien l’impression que les détracteurs de Ducros ont « intellectualisé » quelque chose qui relève du sensible, de l’art. Manoury a des arguments intéressants, mais il est « limite » dans le sens ou il reproche à Ducros des approches et des concepts dont il ne parle pas dans sa conférence ! on a l’impression qu’ils ne s’écoutent pas. Je trouve même ces critiques assez snobinardes, comme s’ils avaient envie de montrer" qu’ils savent mieux que les autres". On voit ça assez souvent dans les milieux intellectuels et dans certaines salles de rédaction où les réunions ressemblent parfois plus à des joutes oratoires qu’à la création d’un journal.

      Manoury n’est pas plus ou moins convaincant que Ducros ou son hôte, toute cette agitation autour de cette conférence me donne l’impression d’un grand gâchis. Des arguments pour détruire plutôt que pour construire un débat, avancer dans la recherche, c’est pas trop mon truc. Je reste vraiment séduit pas ma découverte d’aujourd’hui, j’ai trouvé dans le discours de Ducros des éléments intéressants dont je peux m’inspirer pour avancer en cartographie, en représentation du monde. Mais je dois certainement être ringard.

    • @reka, tout à fait d’accord, et c’est aussi vraiment l’impression que j’ai eue en entendant tout le débat en aval, qu’on me gâchait l’énorme plaisir que j’avais eu en écoutant cette conférence virtuose et extrêmement drôle (d’où mon « malheureusement »).

      Par contre, j’y vois quand même, à un autre niveau, plusieurs choses intéressantes :
      – D’abord, sur le fond, je trouve intéressante la réflexion sur un sens de l’histoire pour les formes musicales (et artistiques en général), la notion de progression/régression et de retours cycliques, l’idée d’un cul de sac dont il faudrait revenir, l’idée opposée d’une évolution naturelle face à laquelle se déploieraient des réactionnaires… tout ça est pourri par le ton vindicatif (qui doit reposer sur des enjeux que je ne maîtrise pas), mais la chronologisation de l’évolution des formes (et derrière, la notion de postmodernité ou de surmodernité qui se trame) est une question que je trouve assez stimulante (mais telle qu’elle est développée, assez vaine) et qui ne se déployait pas vraiment dans la simple conférence.

      – Ensuite, sur la controverse elle-même, je trouve intéressant de voir que dans le milieu artistique et universitaire (ici les deux sont en collision), rien n’est « gratuit », et même une conférence qui apparaît comme un moment de pur plaisir joue en fait (ou du moins, résonne) avec des enjeux beaucoup plus profonds (c’est ce que l’intervention de Manoury montre) qui sont toujours présents.

      – Enfin, sur la forme, l’articulation discours/son me paraît intéressante dans ses deux modalités : une conférence in vivo, mais aussi un post de blog avec l’insertion de players qui permettent de suivre et d’exemplifier assez agréablement le fond du propos.

      Mais enfin, oui, sur l’impression générale, on est totalement d’accord.

    • On est sur la même longueur d’onde :) ha ha ! Je suis aussi d’accord avec tes remarques, il y a assez de nourriture pour stimuler un débat, des progrès, de l’évolution, mais avec un handicap imposé par cette querelle qui doit certainement faire référence à la vie intérieure de ce milieu, comme il y a des querelles d’écoles et de tendances dans tous les autres milieux. Les sociologues, les économistes se déchirent, pourquoi pas les musiciens et les compositeurs ? (mais c’est quand même dommage).

      Outre l’intérêt de cette conf et des critiques associées sur un monde musical contemporain qu’il me reste largement à explorer, c’est aussi un exemple « limite » comportemental (et c’est une réflexion que je mène depuis quelques mois pour ma propre discipline, la géographie). Ils pouvaient très bien argumenter sans se lancer des noms d’oiseaux à la figure, se mépriser ou s’essuyer les pieds sur les autres. Ça aurait fait un débat un peu plus digne. Enfin, ça montre aussi en musique le caractère très subjectif des disciplines, des domaines, on voit bien que tout est une question d’angle. Comme pour une même série statistique dans le temps, selon qu’on montre telle période ou telle autre période, on fait « parler » la courbe dans une langue totalement différente. ET ça, les deux compositeurs l’on fort bien montré chacun à leur manière...