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  • Solange m’a parlé des bobos, et j’ai pas aimé du tout...
    http://melange-instable.blogspot.fr/2014/03/solange-ma-parlee-des-bobos-et-jai-pas.html

    Dans sa vidéo, Solange utilise un principe narratif revendicatif (une suite de phrase commençant par "oui je fais/pense/etc.) qu’elle entrecoupe parfois de petites phrases plus ou moins acerbes, de justifications et de divers commentaires. En résulte une certaine forme « d’humour » -enfin du moins, une recherche de procédé humouristique-, car ses revendications renvoient à la plupart des stéréotypes relatifs aux bobos, lesquels sont teintés d’une certaine péjoration. Solange fait donc le choix de prendre le contre pied en assumant sa boboterie, au moins dans la forme. Source : Mélange Instable

    • Affreusement vrai :

      « Oui j’ai eu la chance de choisir, parce que mes parents n’ont pas pu, et qu’ils ont tout misé sur mon éducation. »

      L’éducation, ha, le sacro saint qui garantit à tes enfants de pouvoir choisir !
      Si je reconnais le privilège que confère le fait d’être diplomée universitaire sur toutes sortes de points, je refuse aujourd’hui qu’on continue à balancer cette vieille doctrine de « travailles bien à l’école et tu feras ce que tu voudras. »
      Parce que déjà, d’emblée, cette doctrine balaye à elle seule toutes sortes de choses qu’on pourrait vouloir faire. Les parents et personnels éducatifs qui promettent ça devraient plutôt dire « travailles bien à l’école si tu veux pouvoir faire ce que tu veux dans un ensemble d’activités salariées qui ont été sélectionnées et validées comme productives et acceptables (et en vrai pour te dire, même comme ça c’est loin d’être gagné) ».
      Dans ma génération, je ne compte plus ceux et celles auxquel(le)s on a promis de pouvoir « faire ce qu’ils voudraient » qui n’ont cessé d’être contrarié(e)s au moindre projet car celui ci n’était pas assez sécurisant/crédible/trop saturé. (l’histoire de ma vie d’ailleurs)
      Mais surtout, je ne compte plus les diplomé(e)s qui sont abonné(e)s aux jobs précaires, au chômage, à la zone, et/ou à la prostitution.
      La chance de pouvoir choisir, c’est quelque chose de multifactoriel, qui dépend entres autres du milieu social, du quartier d’où l’on vient, mais aussi du genre, de la santé, du projet que l’on a, des facultés qu’on a pour le réaliser, des possibilités matérielles aussi bien sûr, et puis vraiment je crois, d’un vrai coup de chance qu’on aura ou non selon les situations.
      Et ce fameux coup de chance, il y en a beaucoup qui ne l’ont pas encore eu, et qui ne l’auront peut être jamais, et ce alors que leurs parents eux aussi ont tout misé sur leur éducation.
      Parce que la vérité, c’est qu’en nous disant « et tu feras ce que tu voudras », on nous ment, on nous vend un rêve qu’on sait d’avance pourri de l’intérieur. J’ai compris assez rapidement que dans un monde libéral, la « liberté d’avoir le choix et d’entreprendre » n’était qu’un mirage, et que pour un qui a effectivement la chance du choix et/ou de l’entreprise, ça en sont des centaines qui resteront sur le carreau à se taper les boulots merdiques et aliénants, ou pas de boulot du tout.
      Alors forcément, tout ce qui promeut ce vieux mensonge, ça a tendance à me faire grincer des dents.
      Je pense qu’un simple « oui, j’ai eu la chance de pouvoir choisir » sans justification serait beaucoup mieux passé pour moi. Oui, tu as eu la chance de choisir, t’assumes, personne te demande de t’en excuser ni de t’en justifier. Par contre merci de ne pas oublier que ça porte bien son nom, la chance, et que ça ne concerne pas tout le monde.