• « À mes yeux, la Palestine est le paradis » – Un entretien avec Leila Khaled
    Enregistré le 3 avril 2014, Pour le site "Le Mur a des 0reilles "
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    LMADO s’entretient avec Leila Khaled, icône palestinienne et responsable du Département des réfugiés et du droit au retour au sein du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP).

    LMADO. Si les négociations n’apportent pas la paix aux Palestiniens, qu’est-ce qui le fera ? Qu’est-ce que la direction devrait faire ?

    LK. Résister ! C’est comme cela qu’on réalise ses droits en tant que peuple. L’histoire nous l’a prouvé. Aucun peuple n’a gagné sa liberté sans se battre. Là où il y a occupation, il y a résistance. Ce n’est pas une invention palestinienne. En fait, nous allons lancer un appel en faveur d’une conférence qui se tiendra sous les auspices de l’ONU, précisément pour appliquer les résolutions décidées par cette organisation à propos de la question palestinienne. La Résolution 194 demande à Israël d’accepter le retour des réfugiés. Bien ! Mettons donc l’ONU sous les feux de la rampe. Organisons une conférence qui rappellera la chose aux gens. Le problème, c’est que les références à toutes les négociations qui ont eu lieu ont été élaborées par les Américains dont nous savons qu’ils sont partiaux, et ce, en faveur d’Israël.

    LMADO. L’OLP signifie Organisation de libération de la Palestine. Pensez-vous qu’elle a perdu son sens réel ? En 2008, Bassam Shaka m’a dit qu’avant tout, ce sont l’OLP avait besoin, c’était de retourner à ses racines en tant que mouvement de libération…

    LK. Aucune libération ne peut être menée à bien sans résistance. Mon parti n’a pas changé. Il est resté collé à son programme d’origine. Nous appelons à l’escalade, dans la résistance. Les gens parlent de résistance populaire. Cela ne signifie pas que des manifestations. Se servir d’armes est également populaire. Nous avons des gens qui sont prêts à se battre.

    LMADO. Que signifie la résistance pacifique et non violente pour quelqu’un comme vous, qui a choisi la résistance armée comme moyen de libération ?

    LK. La résistance revêt plus d’un aspect. Il peut y avoir tous les genres de résistance. La non violente et la violente. Je n’ai pas de problème avec les gens qui choisissent la non-violence. Nous ne libérerons pas notre pays par la seule lutte armée. D’autres genres de résistance sont nécessaires. La résistance politique, la diplomatique, la non violente. Nous devons utiliser tout ce que nous avons. Depuis plus de dix ans, maintenant, les gens manifestent à Bil’in, à Nabi Saleh… Ils protestent contre le mur et contre l’annexion des terres. Comment Israël traite-t-il cette affaire ? Par la violence, les gaz lacrymogènes, les bombes… Pensez-vous qu’il soit acceptable d’utiliser une armée, avec un arsenal impressionnant, contre des gens qui brandissent des banderoles ? Je suis pour le fait de recourir à toutes les sortes de résistance. Nous ne pouvons pas dire que la résistance non violente à elle seule réalisera nos droits. Nous sommes face à un État d’apartheid, au sionisme en tant que mouvement, aux Américains et, en général, à l’Occident, qui soutient Israël. Quand l’équilibre des forces changera, alors nous pourrons envisager de penser à négocier.