Sombre

“Only the mob and the elite can be attracted by the momentum of totalitarianism itself. The masses have to be won by propaganda.” (Hannah Arendt) IN GIRUM IMUS NOCTE ECCE ET CONSUMIMUR IGNI

  • « Internet est sur le point de disparaître » : entretien avec le géographe Boris Beaude - Atelier des médias
    http://atelier.rfi.fr/profiles/blogs/les-fins-d-internet?xg_source=msg_mes_network

    Longtemps l’univers de ceux qui parlent d‘Internet et des nouvelles technologies était divisé entre deux camps très distincts. D’un côté les technophiles, fascinés par les possibles qu’offrent la mise en réseau des individus, l’horizontalité et la décentralisation des organisations. De l’autre, les technosceptiques, raillant un nouvel univers sans règles, reposant sur une utopie destructrice d’équilibres et de consensus vitaux.

    Depuis quelques mois, un nouveau courant fait entendre sa voix, que l’on pourrait appeler technoréaliste. Il est porté notamment par des pionniers de l’Internet tel que l’informaticien et musicien Jaron Lanier, qui a tiré récemment la sonnette d’alarme dans un livre intitulé À qui appartient l’avenir ? En France, ceux qui suivent le blog d’Eric Scherer ont pu voir depuis quelques semaines plusieurs articles montrant, chez cet observateur d’ordinaire optimiste, une place de plus en plus grande accordée aux méfaits de l’Internet sur l’emploi ou sur la concentration des richesses.

    • « Internet est sur le point de disparaître » : entretien avec le géographe Boris Beaude - Atelier des médias
      http://atelier.rfi.fr/profiles/blogs/les-fins-d-internet

      il y a les valeurs héritées des Lumières, le libre arbitre, l’émancipation de l’individu, la gestion collective des biens communs, etc. Et Internet s’inscrit dans cette continuité, de créer un dispositif technique qui va rendre difficile l’interception, la centralisation. Mais finalement ce n’est pas du tout ce qu’il se passe.

      Vous avez cette formule pour introduire la question de l’espace lié à Internet, « en œuvrant à abolir l’espace, Internet risque finalement d’être aboli par l’espace. » Qu’est-ce que ça veut dire ?

      Dans le projet initial, on est vraiment dans une technique spatiale. Il y a cette idée que pour ce qui concerne la télécommunication, Internet va permettre un contact sur de très grandes distances entre les individus. Et c’est une avancée, incontestable, ça permet de s’organiser, de s’informer, de coproduire. Mais du coup, en le disant autrement, Internet crée de l’espace. En fait, Internet n’abolit pas du tout l’espace. Il crée des espaces d’intermédiation, des plateformes. Facebook par exemple, c’est un espace au sens fort du terme. Mais par contre, il y a d’autres espaces qui demeurent. C’est ça le propos du livre. On ne peut pas résider sur Facebook. On ne peut pas manger sur Facebook. On ne peut pas boire un verre avec un ami sur Facebook. Donc d’autres espaces demeurent. Ils sont essentiels, ils structurent le vivre-ensemble. Il y a les civilités aussi, la politique, les institutions, qui décide de ce qu’on a le droit de faire ou pas. Et Internet pour l’instant n’a pas les moyens de gérer ça. Donc en créant un espace mondial pour l’humanité Internet se retrouve en conflit avec pleins d’autres espaces plus locaux qui ont des règles de vivre-ensemble qui ne sont pas compatibles avec ce qu’Internet autorise. Et d’où le fait que c’est finalement l’espace au sens large qui risque d’abolir Internet, c’est à dire que le fait que l’espace demeure et reste une dimension importante de notre existence.