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  • Silence… pas d’histoire, pas de mémoire ! Un déni de la guerre, d’une génération à l’autre | #LIBAN, CHRONIQUES CIVILES
    http://libanchroniquesciviles.wordpress.com/2014/04/12/silence-pas-dhistoire-pas-de-memoire-un-deni-de-la

    Culte, culture du silence… culte, culture de guerre ?

    39 ans ont passé depuis le 13 avril 1975 avec sa cohorte de morts, de disparus, handicapés, déplacés, traumatisés, ruinés, émigrés… et avec toutes les destructions physiques, notamment du coeur battant de Beyrouth. Et dans les écoles, discuter ouvertement de la guerre n’est toujours pas au programme. Ce jour du 13 avril n’est même pas un jour férié, un jour-marqueur du souvenir pour dire « plus jamais ça » ! Non, il reste un jour comme un autre : surtout ne rien dire, ne pas se souvenir… ne pas remuer les (mauvais) souvenirs et faire comme si – reconstruire.

    On a reconstruit depuis 1990, bien sûr, des routes, des ponts, des bâtiments, des centres commerciaux, des hôtels… mais il manque tant de passerelles dans les têtes, entre les hommes et les femmes de ce pays ! Comment retrouver l’autre sans le montrer du doigt mais en lui tenant la main, regarder l’horizon ensemble, se projeter vers demain ensemble ? De génération en génération se perpétue le déni des massacres, des destructions de l’autre… ce qu’on devrait enfin classer dans la rubrique « histoire », « fini » – mais qui reste obstinément partie de notre quotidien puisqu’enfoui et non exorcisé, non exfiltré de nous-mêmes.

    Universitaire, Pamela CHRABIEH l’a observé récemment sur un groupe d’étudiants à Beyrouth. De son côté, Elie YAZBEK vient de faire paraître une intéressante étude sur le cinéma libanais, où il montre le poids « invisible » de la guerre (Regards sur le cinéma libanais (1990-2010), L’Harmattan, 2013). Dans les arts, l’évocation de la guerre est obstinément présente. A tout juste 23 ans Maya KHADRA, décrit – expulse ! – en quelques pages dans les Derniers jours d’une nymphomane (Ed. Noir sur Blanc, Beyrouth, 2014) un monde de tabous, d’hypocrisies, de violences crues, de « prostitution des consciences » (page 25).

    Les odeurs de « la guerre », son vacarme, sa tension, ses urgences, ses hommes et leurs discours haineux et définitifs… Non, nous n’en sommes absolument pas sortis : elle est en nous, elle court de génération en génération.

    #guerre_civile