• La Grèce ne veut pas mourir guérie
    http://blogs.mediapart.fr/blog/gabriel-colletis/160414/la-grece-ne-veut-pas-mourir-guerie

    « L’Amour médecin », Acte 2

    Une pièce de Molière, 1734

    Dialogue entre deux personnages…

    SGANARELLE.- Est-ce que les médecins font mourir ?

    LISETTE.- Sans doute : et j’ai connu un homme qui prouvait, par bonnes raisons, qu’il ne faut jamais dire : "Une telle personne est morte d’une fièvre et d’une fluxion sur la poitrine" : mais "Elle est morte de quatre médecins, et de deux apothicaires."

    SGANARELLE.- Chut, n’offensez pas ces messieurs-là.

    Comme toujours en pareille circonstance, toute ressemblance avec des personnages ayant existé…

    Avec un peu d’imagination toutefois :

    Dans le rôle du malade guéri qui meurt : La Grèce et les Grecs

    Dans le rôle des quatre médecins : La Banque centrale européenne, la Commission européenne, le FMI et l’Allemagne

    Dans le rôle des deux apothicaires : Goldman Sachs et JP Morgan

    Emporté par sa joie d’affronter bientôt les élections, le gouvernement grec raconte désormais une success story qui trouve de nombreux échos ravis dans plusieurs capitales européennes :

    – le déficit public a laissé la place à un excédent

    – le déficit des échanges extérieurs se réduit, signe que l’économie grecque aurait retrouvé une part de sa compétitivité

    – le chômage recule

    – la croissance serait sur le point de revenir après six années de dépression économique

    – enfin, la Grèce ferait son grand retour sur les marchés financiers et pourrait donc désormais se passer des financements décidés par la Troïka.

    D’où la représentation triomphale d’un gouvernement qui, à force d’efforts, aurait vaincu la crise et aurait le bonheur d’annoncer à son peuple harassé la fin de l’austérité.

    Cette success story est une narration trompeuse dont le premier destinataire est le peuple grec qui doit s’exprimer bientôt dans le cadre d’élections municipales et européennes.

    Nous proposons en lieu et place de cette narration fallacieuse un bilan démythifié de plus de quatre années d’austérité.

    Le déficit public aurait laissé la place à un excédent…

    L’excédent qu’évoque le gouvernement est celui du solde budgétaire hors intérêts liés à la dette. Si l’on tient compte de ces intérêts, le solde budgétaire reste négatif.

    Surtout, l’amélioration apparente des comptes publics a été obtenue au prix d’un écrasement de la dépense publique. Les grands sacrifiés sont l’éducation et la santé dont les budgets ont reculé de 30%.

    Par ailleurs, comme cela a souvent été souligné, la baisse de la dépense publique a amplifié le recul de la demande et a constitué un puissant facteur récessif pour l’ensemble de l’économie.

    Le déficit des échanges extérieurs se serait réduit, signe que l’économie grecque aurait retrouvé une part de sa compétitivité…

    La réalité est moins une reprise des exportations que la forte contraction de la consommation intérieure et, par conséquent, des importations.

    La baisse de la demande publique, de la demande privée des ménages (dont les revenus se sont effondrés), de l’investissement des entreprises comme de l’Etat ont provoqué une récession économique et une forte baisse des importations.

    Contrairement au mythe de la compétitivité, la baisse des salaires n’a pas relancé les exportations mais a eu pour effet de réduire la consommation et les achats de produits importés.

    Le déficit de la balance commerciale s’est donc en partie résorbé mais de la pire des façons.

    La croissance serait sur le point de revenir après six années de dépression….....

    #économie
    #Grèce
    #dette
    #AUSTÉRITÉ