Nicolas🌱

Projet de vie en #permaculture dans le Sud Ouest

  • La #permaculture est aussi confrontée au solutionnisme, des solutions clefs en main à appliquer partout : mettre des arbres, ajouter du mulch/paillage, faire des buttes , creuser des swales/baissières, avoir une spirale d’herbes aromatiques ...

    Dans deux articles, Patrick Whitefield, un permaculteur anglais connu, remet en question deux vaches sacrées de la permaculture, les swales et le mulch.

    Il explique en gros que certaines solutions viennent du contexte australien et ne s’appliquent pas en Angleterre à cause du climat différent.

    Les swales sont bien indiquées en Australie car les pluies sont en été, et ponctuelles mais fortes. Elles permettent d’infiltrer l’eau qui sera accessible aux plantes, de stocker de l’eau dans le sol, et d’empêcher l’#érosion. Mais en Angleterre l’eau tombe de façon continue en hiver, quand les plantes ne poussent pas. Pour Whitefield, mieux vaut stocker l’eau dans des bassins ou des lacs, et drainer le surplus.

    Pour le mulch, il a plusieurs désavantage dont celui d’offrir un habitat aux #limaces qui sont un problème bien plus grand en Angleterre qu’en Australie.

    Les solutions devraient toujours être précédées des problèmes que l’on cherche à résoudre, comme c’est le cas dans le formalisme des #design_patterns. Non, des fois il ne faut pas de mulch, ou de swales, ou d’arbres, ou de buttes ...

    One of Permaculture’s Holy Cows : the Death of the Swale
    http://patrickwhitefield.co.uk/one-permacultures-holy-cows-death-swale

    Mulching in the Garden : Essential Permaculture ?
    http://patrickwhitefield.co.uk/mulching-in-the-garden-essential-permaculture-2

    #critique_permaculture

    • Ça ma renvoie à mes propres interrogations pour mon terrain.

      J’ai renoncé aux swales car le terrain est trop pentu. A moyen terme, ce sont les racines d’arbres et arbustes plantés suivant les lignes de niveau qui infiltreront l’eau.

      Pour l’instant j’ai choisi de drainer l’eau qui coule des torrents en hiver, justement parce qu’elle coule après les grosses pluies qui vont théoriquement déjà charger le sol en haut (si je me débarrasse de la couche de graminée qui feutre le sol et empêche l’infiltration). Et puis si ça se trouve l’infiltration va surtout se retrouver en bas du terrain déjà gorgé d’eau.

      Je vais faire des buttes car le potager est gorgé d’eau, et les allées entre les buttes serviront de swales car je peux guère faire autre chose face au surplus d’eau qui coule depuis la mare.

      La spirale d’herbe aromatique me semble beaucoup de boulot si on a un espace suffisamment grand pour avoir les bons microclimats pour les différentes aromatiques.

    • Dans ton cas je ne ferais pas une croix définitive sur les swales dans la pente, car comme en témoigne l’abondance de brachypode c’est un coteau calcaire mésoxérophile, ou l’eau ne reste pas longtemps.
      Et je pense que dans les zones de léger « replat », où la pente est moins forte, des swales peuvent changer la dynamique de la matière organique et de l’eau. Notamment si elles sont associées à des restanques dans les zones de plus grosse pente. ça pourrait donner une situation où il n’y aura plus besoin d’enlever telle ou telle graminée, la végétation spontanée aura changé d’elle-même, le brachypode aura cédé sa place à des choses moins xérophiles (houlque, fromental, avoine sauvage...), plus broutables ou fauchables, et sans feutrage car vie microbienne mieux développée.

      Pour ce qui est de l’eau qui se retrouve en bas, à mon humble avis tu en auras d’autant plus massivement qu’elle descend vite la pente. Un système qui la fait descendre lentement et la fait mieux s’infiltrer dans le sol pourra tenir lieu de tampon en quelque-sorte.

      Sur le mulch comme dogme solutionniste voir aussi http://senshumus.wordpress.com/2008/11/15/matiere-organique

    • Les restanques sont le meilleur système, mais loin d’être celui qui produit le plus de changement pour le moins d’intervention. Je n’ai tout simplement pas le courage de monter des murs en pierre (et en plus les anciens l’ont déjà un peu fait, donc je vais galérer pour trouver les pierres)

      Pour les swales, je pense que la pente est trop forte de toute façon, vu ce que j’ai lu dans les livre et ce que je ressens sur le terrain.

      Je pense que j’ai besoin d’enlever les graminées une seule fois pour faire des lignes de pionnières (luzerne) suivant les contours (des swales plates on va dire). J’ai remarqué que là où j’avais planté un plaqueminier qui a crevé, la végétation était bien bien différente après ma perturbation initiale et le mulch, mais il me semble que j’avais aussi choisi le lieu car il avait une végétation légèrement différente et que j’associais ça à une zone plus humide. A suivre...

    • Pour les restanques je les imaginais plutôt en bois (piquets + remplissage ou tressage sommaire), plus vite monté, nécessite un entretien tous les 2-3 ans mais globalement moins de boulot qu’une restanque en pierre. Les petites que j’ai dans mon poulailler tiennent bien. Cela dit, les piquets sont des saules qui ont pris racine, ça aide, et je sais pas quel équivalent serait envisageable sur un terrain sec et ensoleillé.

      Dommage pour les swales.
      Gare à l’érosion en enlevant les graminées.
      La luzere est carrément bien indiquée pour ce lieu, et elle aiderait aussi l’eau à pénétrer.

    • @koldobika :

      Sur le mulch comme dogme solutionniste voir aussi http://senshumus.wordpress.com/2008/11/15/matiere-organique

      Et aussi sur ce qu’on avait vu du coin du futur #potager :

      http://www.permaculture.eu.org/blog/2012/06/debuts-au-potager

      Cette étude des plantes a été très importante et contient une véritable leçon : le premier principe de permaculture devrait être : « cela dépend du contexte« . En effet les personnes qui se sont un peu renseignées sur la permaculture et qui sont assez néophytes pourraient être tentées, comme je l’ai été, d’appliquer des méthodes classiques et clef-en-main que l’on voit dans les bouquins. En l’occurrence ici ne pas travailler le sol et ajouter de la matière organique végétale sous forme de carton et de paille. Erreur terrible au vu de ce que nous révèle les plantes1, puisque cela n’aurait pas arrangé le problème de compactage et aggravé l’engorgement en matière organique, principal problème de la parcelle.

      La meilleure solution pour cultiver des légumes sur cette parcelle en attendant que ces problèmes soient réglés, consiste en une accumulation d’hérésies pour certains permaculteurs, à savoir :

      – Décompacter par un travail du sol ;
      – Ne pas ajouter de matière organique végétale difficile à minéraliser : pas de paillage épais, ajout de compost (ou mieux de fumier) ;
      – Relancer l’activité microbienne en laissant le sol à nu (puis en paillant légèrement) et en apportant de l’azote (purin d’ortie, fauches de yèble)

      Alors que nous reste t-il comme pratique culturale pour produire nos légumes ? Faut-il nous joindre à la majorité des jardiniers en empoignant motoculteurs et flacons de désherbants ?

      Heureusement, il existe une méthode de culture soutenable et qui va dans la direction indiquée par les plantes, même si elle nous appelle moins que les techniques permaculturelles (mais ce n’est qu’une solution provisoire), et c’est la #biointensive.

      Même si j’aime l’aspect polyculture et que je vais m’en donner à cœur joie avec les vivaces, la biointensive apporte aussi des avantages, les deux premiers que je vois étant un milieux moins favorable aux limaces car pas de mulch, et une meilleure pollinisation grâce aux mini-monocultures.

    • @koldobika :

      Cela dit, les piquets sont des saules qui ont pris racine, ça aide, et je sais pas quel équivalent serait envisageable sur un terrain sec et ensoleillé.

      Et plein de chevreuils :)

      Ça me semble encore trop de boulot. J’espère m’en sortir qu’avec du biologique. Je pense que je ferais ça au printemps prochain si j’ai le temps, pour minimiser l’érosion entre le moment ou je vais enlever les graminées et celui où les luzernes pousseront, en évitant les grosses pluies.

    • Carole Deppe parle aussi du mulch dans The Resilient Gardener. Sans surprise elle fait les mêmes constats, sûrement parce que le climat de l’Oregon ne doit pas être très éloigné de celui de l’Angleterre : le mulch abrite les limaces et protège leurs œufs du froid l’hiver, il retarde le réchauffement du col au printemps, rend difficile le désherbage à la houe, et surtout nécessite beaucoup de matières premières sur de grandes surfaces. En gros elle trouve que pour son cas le mulch ne représente pas forcément moins de travail que de désherber à l’outil, mais un travail différent.

      I once had a conversation with a wannabe farmer who had just moved to Oregon from the East Coast. He wanted to try growing vegetables in permanent raised beds with deep mulch, as was often touted in the Organic Gardening magazines he had been reading. My response was: “But it doesn’t work here.” He touted it some more. I responded again with, “But it doesn’t work here.” And so it went, until we put in a test plot of mulched and unmulched potatoes side by side. The mulched potatoes took weeks longer to sprout and then grew slowly and were stunted and obviously miserable. In the maritime Northwest, you have to really screw up to make potatoes miserable.

      Here in Oregon, any heat in the springtime is usually limited. Soil that lies beneath a deep layer of mulch stays soggy and cold. Pull back the deep mulch to make a row to plant something, and the something will take longer to germinate and will grow much more slowly than the same thing planted in bare soil, even though the soil over the seed is left exposed until the seeds have germinated. And the worst is yet to come. After the first couple of years of deep-mulched permanent beds of vegetables, there are so many slugs, sow bugs, and other such critters that everything is eaten up as soon as it germinates. Our winter freezes don’t go deep enough to kill pests in the soil under a deep mulch. Admittedly, the deep mulch does take care of the weed problem. Here, beds with permanent deep mulch are most useful for perennial and ornamental plantings, not for vegetables.

      Deep permanent mulches have worked for some people in some places and certain situations, even in the vegetable garden. But they aren’t for everybody. However, mulches can be thin or deep, temporary or permanent. In the era in which I gardened with raised beds in the backyard, I often used a light or late-applied mulch as a way of adding to soil fertility or moderating water loss.

      “Deep” mulch usually means a layer at least 6 inches deep after the mulch has consolidated. For loose material such as straw or leaves, this generally means a layer 8 to 12 inches deep initially. A thinner layer doesn’t do the intended job of preventing weeds from growing. If there are perennial weeds with large roots, even the deep mulch won’t work. You need to get rid of perennial weeds first.

      Most people who use a permanent deep mulch successfully in their vegetable gardens seem to be located on the East Coast or in the Midwest, and also to have gardened for years or even decades using conventional methods, and have already eliminated all perennial weeds and built up soil fertility and tilth. Apparently, one can garden successfully using permanent raised beds with permanent mulches, even with vegetables, and even starting from scratch, at least in some areas. A good book on gardening in beds with permanent deep mulch is Lee Reich’s Weedless Gardening.

      Once you have mulch on a garden, you can’t use an ordinary hoe any more. (With light mulches, I can still use my peasant hoe, but not light hoes.) So if you have perennial weeds coming up through the mulch, you may need to pull them all by hand. Ideally, with a deep mulch there are few or no weeds. Light mulches prevent some but not all of the weeds from germinating; those that grow have to be hand-pulled or hoed with a heavy hoe. So light mulches may either increase or decrease the weeding work.

      Here in Oregon where it doesn’t rain in summer, it can be unworkable to try to provide water by overhead-watering with a deep mulch. You can’t get the water down through the mulch. So deep mulch tends to work best with permanent landscape plantings where drip irrigation lines are installed under the mulch. You can readily overhead-water through a 3-inch layer of mulch, however.

      I have used mulches of various kinds with my raised garden beds, primarily to add fertility or reduce water needs. I used light mulches, not deep ones. My favorite mulched gardens were my tomato beds. Tomatoes need lots of water and are sensitive to changes in hydration, which cause the fruits to split. I planted transplants into raised beds and left them unmulched the first month or so, when the plants needed every bit of soil heat possible. After the plants were established and the soil had warmed up, I put on a layer of straw about 2 to 3 inches deep. With this light mulch, I could overhead-water my raised beds just once per week instead of twice a week. By the end of the season, most of the mulch had vanished into the soil, leaving just a little to be turned under.

      Nate and I grow a 150-foot row of tomatoes these days. We grow them unmulched and level to the surface rather than in raised beds. They need to be watered only once per week. We could water even less if we added a thin mulch after the first month, as I did with raised beds. But where would we get the mulch? On large plantings, mulching is often impractical because there isn’t enough mulch available. We could get enough free city leaves to mulch our entire two-acre garden, but not without bringing in bindweed seeds. We leased our current garden land partly because it doesn’t have bindweed. We want to keep it that way.

      Straw is commonly used as a mulch. On small garden beds, I often used a thin mulch of an inch or 2 of grass clippings, which served as both light mulch and fertilizer. (Deeper layers of fresh clippings turn to rotting goo instead of drying out into a nice layer of mulch.) Hay is fertilizer as well as mulch, but it is usually full of weed seeds. Ruth Stout, the Grand Lady of the permanently deep-mulched (East Coast) vegetable garden, used salt marsh hay. Salt marsh hay is from salty coastal marshes. It has few weed seeds of the kinds that matter in terrestrial gardens, and might have been an essential component of Ruth Stout’s success. When she added another twenty-five bales of hay to her garden each season, she was adding both mulch and fertility. If we try to do the equivalent with straw, we are adding an excess of carbon and very little nitrogen. If we try to do the equivalent with our hay, we are bringing in weed seeds, which turn into a solid layer of grass and weeds on the surface of the mulch. Mulches may or may not mean less total labor. As Robert Heinlein’s characters in The Moon Is a Harsh Mistress were wont to say, TANSTAAFL, or There Ain’t No Such Thing as a Free Lunch. You may get out of much or all of the labor of weeding as well as some of the watering. But you replace it with the labor of finding, hauling, and applying mulch (and tucking it up around each established plant).

      In desert areas where every drop of water counts, mulches of some sort—deep or thin, permanent or temporary—may be obligatory. In areas with some but limited or erratic summer rain, even light mulching may mean you don’t need to irrigate at all, thus saving in both water and watering labor.

    • le climat de l’Oregon ne doit pas être très éloigné de celui de l’Angleterre

      En fait si, c’est assez différent. Au niveau températures ça ressemble un peu au Lot, en revanche au niveau régime des pluies c’est très contrasté (un peu comme les Cévennes), déluge en hiver et sécheresse en été.
      https://en.wikipedia.org/wiki/Corvallis,_Oregon#Climate (Corvallis c’est chez Carol Deppe)
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Gourdon_(Lot)#Climat

    • Ah attention elle dit aussi pas mal que ses étés sont plutôt frais et couverts (voir les chapitres sur les tomates dans son dernier livre où elle dit qu’ils ont peu de choix de tomates qui donnent et ont bon goût sous leur climat), donc c’est quand même autre chose que la méditerranée.

    • pas plus frais qu’à Gourdon en tout cas (pour les maximales c’est quasiment le même profil thermique) qui a des étés nettement plus chauds que ceux de chez moi.
      tout est question de référence, si elle compare à la Californie c’est sûr que l’Oregon ça chauffe moins (il y a moins de palmiers et de cactus).