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  • Un roman saoudien sur Jeddah – Les basses oeuvres de Abduh Khal | Rumor
    http://rumor.hypotheses.org/3527

    suite à http://seenthis.net/messages/243686 (signalement d’@alaingresh)

    Un des points forts et marquants du roman est l’ampleur de ces clivages internes à la société saoudienne (où les étrangers apparaissent certes présents et discriminés), qui se matérialisent dans l’écart entre les différents espaces de la cité, en particulier le quartier pauvre, renommé l’Enfer, et le Palais, que les habitants voient (dans leur jeunesse) comme le Paradis. Entre ces deux pôles, apparaissent de nouveaux espaces résidentiels (quartiers de villas) et de consommation (des malls où l’on vient s’afficher dans sa réussite sociale). Les pauvres exclus des circuits de redistribution et d’accès à la richesse y vivent dans la précarité, la misère et l’absence d’espoir – notamment les jeunes qui ne peuvent avoir accès au travail, privés d’avenir et contraints de supporter un contrôle social castrateur et inquisiteur, sauf à faire allégeance aux puissants et à renoncer à la dignité, tant cette allégeance est toujours une aliénation.

    Alain Gresh place sa préface sous le signe d’une contestation croissante contre cet ordre inique et insiste sur les mutations en cours, notamment avec l’Internet – un aspect qui est documenté avec régularité et précision sur le blog d’Yves Gonzalez : voir notamment ce billet récent. Mais finalement dans le roman, les signes de la révolte restent individuels et poussent les personnages qui en sont animés à des actions vengeresses ou désespérées, jamais collectives. Les communautés virtuelles dont on parle beaucoup aujourd’hui ne sont pas évoquées dans le roman. La seule figure de résistance morale apparaît finalement sous la forme d’un imam – pas spécialement intégriste, d’ailleurs, et surtout nullement politisé : il prône la quiétude et la patience dans la certitude de mener une vie juste.