Nidal

“You know what I did? I left troops to take the oil. I took the oil. The only troops I have are taking the oil, they’re protecting the oil. I took over the oil.”

  • L’argent séoudien et les politiciens libanais : un extrait d’une version (inédite et très) longue de mon article sur le #cablegate au Liban

    En juillet 2006 (06BEIRUT2323), Walid Joumblatt livre ses soucis d’argent à l’ambassadeur américain : la famille Hariri ne lui verse plus ses 3 millions de dollars par an comme du temps de Rafic, destinés à « répondre aux attentes de [ses] électeurs ». En août 2006 (06BEIRUT2703), Marwan Hamadeh va accompagner « le leader druze Walid Joumblatt […] en Arabie séoudite […], et il espére que les États-Unis vont placer un petit mot auprès des séoudiens pour qu’ils “donnent à Walid trois ou quatre millions de dollars” pour maintenir les druzes du côté du 14 Mars. » Un câble de février 2007 (07BEIRUT291, évoquant des informations de 07BEIRUT60) analyse : « Joumblatt semble avoir [maintenu son statut de leader] jusqu’à maintenant, largement en dépassant Arslan par des dons, faveurs et emplois gouvernementaux pour ses électeurs. […] Dans une rencontre récente avec l’ambassadeur, Joumblatt a reconnu avoir reçu une dotation de cash de 10 millions de dollars de la part des séoudiens, sans doute en remerciement de son soutien au gouvernement du Premier ministre sunnite Fouad Siniora. La part la plus importante de cet argent sera dépensée pour maintenir son apparat féodal à Mukhtara, son appareil sécuritaire, et la loyauté de milliers de ses fidèles. »

    En mai 2009 (09BEIRUT537), les américains sont initiés aux arcanes de la politique libanaise : « Nos interlocuteurs libanais nous ont appris que Mukrin et Khoja, traditionnellement, ont le plus d’influence sur les cordons de la bourse séoudienne au Liban. » Et pour l’instant : « Selon Joumblatt, “tout le monde a des ressources (financières) maintenant.” Il a confirmé que lui-même, Hariri, l’allié chrétien du 14 Mars Michel Mouawad (de Zgharta) et l’indépendant du Keserwan Mansur Ilbon, avaient reçu des perfusions de cash de la part des séoudiens récemment. Cependant, d’après lui, Mouawad et Ilbon ne dépensent pas leur argent sagement. Il a également critiqué les manières dispendieuses de Hariri et lui a reproché de “gâter” ses supporters en les payant trop tôt, et désormais certains d’entre eux changent leur soutien en faveur du leader d’opposition du Mouvement patriotique libre Michel Aoun, et du Hezbollah, au motif que Hariri “ne paierait pas assez”. À l’opposé, le leader chrétien du 14 Mars Amine Gemayel serait un “avare”, a accusé Joumblatt, lequel a présenté cette même attitude, dans le passé, comme raison pour laquelle le 14 Mars a perdu les élections anticipées du Metn après l’assassinat de son fils, le politicien populaire Pierre Gemayel. »

    Mais que sont quelques dizaines de millions de dollars, quand on peut compter en centaines de millions ? Ainsi le français Boris Boillon dénonce, en septembre 2008 (08PARIS1703), une idée séoudienne : « il avait rencontré, la semaine dernière, un “envoyé personnel” du roi séoudien Abdallah, qui avait souligné une initiative pour donner un milliard de dollars aux groupes sunnites libanais, à utiliser dans les prochaines élections législatives et rivaliser “avec le Hezbollah”. »

    L’ambassadeur Jeffrey Feltman feint la naïveté (06BEIRUT2703, août 2006) : « il lui semblait étrange, alors que les deux tiers du Liban ne partageraient pas la vision du Hezbollah pour le pays, que les forces du 14 Mars ne puissent reprendre l’initiative sans utiliser de cash. » Poser la question, c’est déjà y répondre…

    Par ailleurs, il apparaît très clairement ici que le 14 Mars n’est pas « pro-américain » ; de par ses financements, il est, stricto sensu, « pro-séoudien ».