Socio.Logs

Faits sociaux en vrac

  • Descendants d’immigrés : une ségrégation professionnelle persistante | DARES

    http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/2014-023.pdf

    Parmi les 40 millions de personnes âgées de 15 à 64 ans résidant dans un ménage de France métropolitaine en 2012, 3,9 millions sont descendants d’immigrés, c’est-à-dire sont nées en France d’au moins un parent immigré. Les descendants d’immigrés représentent ainsi 9,8 % de la population en âge de travailler. (...)

    Un taux de chômage inférieur à celui des immigrés, mais plus élevé que la moyenne.

    Le taux de chômage de l’ensemble des descendants d’immigrés âgés de 15 à 64 ans est de 14 % en 2012, inférieur à celui de l’ensemble des immigrés (17 %), mais nettement plus élevé que celui des personnes non issues de l’immigration (8,6 %). Cependant, origine par origine, les taux de chômage des descendants d’immigrés sont proches de ceux des immigrés. Ainsi, les descendants d’immigrés d’origine africaine ont un taux de chômage très proche de celui des immigrés de même origine (22 % en 2012). (...)

    Femmes : une participation accrue au marché du travail.

    Entre 2007 et 2012, la participation des femmes au marché du travail s’est légèrement accrue pour toutes les origines. (...) L’espérance d’activité des descendantes d’immigrés est, pour chaque origine, plus élevée que celle des femmes immigrées, surtout pour les origines non européennes : depuis 2007, l’écart est compris entre 5 et 9 années pour ces dernières alors qu’il n’est que de 2 à 3 années pour celles d’origine européenne. (...)
    La fréquence du travail à temps partiel parmi les femmes descendantes d’immigrés en emploi (28 % en 2012) est assez proche de celle des femmes non issues de l’immigration (29 %). (...) Les femmes descendantes d’immigrés travaillent moins souvent à temps partiel que les femmes immigrées (36 %), et cela quelle que soit leur origine géographique. (...)

    Contrats temporaires : les descendants d’immigrés d’origine africaine sur-exposés à la précarité.

    En 2012, 15,8 % des salariés descendants d’immigrés ont un contrat temporaire (16,0 % des hommes et 15,6 % des femmes), travaillant en intérim ou avec un contrat à durée déterminée. C’est presque autant que les immigrés (16,6 %) et sensiblement plus que les personnes non issues de l’immigration (12,8 %). (...) La situation est par ailleurs très contrastée selon la région d’origine. Les descendants d’immigrés originaires d’Europe ne sont pas plus souvent en contrat temporaire (13 % des emplois salariés pour les 15-64 ans) que les personnes non issues de l’immigration, tandis que ceux originaires d’Afrique ou d’un autre continent non européen le sont beaucoup plus souvent (respec- tivement 20 % et 25 %). (...)

    Professions exercées : des emplois globalement plus qualifiés que ceux des immigrés, mais une répartition non-uniforme et variable selon l’ascendance.

    En moyenne sur les années 2010-2012, alors que 8,3 % de l’ensemble des emplois des 15-64 ans sont occupés par des descendants d’immigrés, ces derniers représentent de 10 % à 13 % des effectifs dans 17 familles professionnelles sur 87, dont plus de 11 % dans 6 d’entre elles : agents administratifs et commerciaux des transports et du tourisme, caissiers et employés de libre-service, employés et agents de maîtrise de l’hôtellerie et de la restauration, employés de la banque et de l’assurance, employés et opérateurs de l’informatique, vendeurs. Parmi les 20 métiers où les descendants d’immigrés sont les plus présents figurent 5 métiers, où les professions intermédiaires ou indépendants sont majoritaires : professionnels de l’action culturelle, sportive et surveillants, formateurs, maîtrise des magasins et intermédiaires de commerce, techniciens de la banque et des assurances, attachés commerciaux et représentants. Les 15 autres sont des métiers comprenant majoritairement des employés ou ouvriers, qualifiés pour 12 de ces métiers et non qualifiés pour 3 d’entre eux.
    Ces caractéristiques sont assez différentes de celles des métiers exercés par les immigrés. Les 20 métiers où les immigrés sont les plus présents comprennent beaucoup plus souvent des postes non qualifiés d’employés ou d’ouvriers en majorité (10 d’entre eux, contre 3 pour les descendants d’immigrés).
    Parmi les 20 métiers où les descendants d’immigrés sont les plus présents, ceux d’origine africaine sont très surreprésentés parmi les professionnels de l’action culturelle et sportive, ainsi que parmi les employés et opérateurs de l’informatique : ils y représentent environ 50 % des descendants d’immigrés, contre 30 % dans l’emploi total. Parmi les descendants d’immigrés, ceux originaires d’Europe sont relativement nombreux à être ouvriers qualifiés de la mécanique, du second œuvre du bâtiment ou travaillant par enlèvement du métal ou par formage de métal, ainsi qu’employés de la comptabilité : ils représentent environ 70 % des descendants d’immigrés dans ces secteurs contre 63 % pour l’emploi total. Quant aux descendants d’immigrés originaires d’un autre continent hors Europe, ils représentent 15 % des descendants d’immigrés parmi les employés et agents de maîtrise de l’hôtellerie et de la restauration, soit 2 fois plus que dans l’emploi total.

    Une ségrégation professionnelle moins forte que celle des immigrés, mais encore très marquée pour les descendants d’immigrés non-européens.

    La « ségrégation professionnelle » se réfère ici à la mesure d’une distance entre les répartitions par métiers des descendants d’immigrés et des personnes non issues de l’immigration. Elle est mesurée à partir de la nomenclature des familles professionnelles (87 postes) en mobilisant l’indice de dissimilarité de Duncan et Duncan [Cet indice s’interprète comme le pourcentage de descendants d’immigrés en emploi qui devraient changer de profession pour obtenir une répartition identique à celle de la population non issue de l’immigration. Plus l’indice est proche de 100 %, plus la ségrégation professionnelle est élevée, plus il est proche de 0 %, plus la répartition des professions entre les deux populations d’actifs occupés est proche.] Plus ces répartitions sont proches, moins importante est la ségrégation. Cet indice ne doit pas être interprété en termes de discrimination mais en termes de différences de répartition par métiers.
    La ségrégation professionnelle dans les métiers entre les descendants d’immigrés et les personnes non issues de l’immigration est peu importante : sur les années 2010-2012, l’indice s’élève à 10 % (12 % pour les hommes et 10 % pour les femme. C’est une valeur très inférieure à l’indice de ségrégation entre les femmes et les hommes pour l’ensemble des personnes en emploi quelle que soit leur origine (53 %) et à celui entre immigrés et non immigrés (26 %). La structure par métier de l’emploi des descendants d’immigrés est donc beaucoup plus proche de celle des personnes non issues de l’immigration que ne l’est celle des immigrés : il suffirait que 10 % des descendants d’immigrés changent de métier pour aboutir à une répartition des descendants d’immigrés dans les métiers similaire à celle des actifs occupés non issus de l’immigration.
    L’indice de ségrégation entre descendants d’immigrés et personnes non issues de l’immigration est toutefois nettement plus faible pour les descendants d’immigrés d’origine européenne que pour ceux originaires d’Afrique, et plus encore pour ceux originaires d’un autre
    continent hors Europe, et cela pour les hommes comme pour les femmes. Ainsi, alors que seulement 10 % des descendants d’immigrés d’origine européenne devraient changer de profession pour parvenir à une répartition par métiers identique à celle des personnes non issues de l’immigration, ce serait le cas de 19 % de ceux originaires d’Afrique et de 23 % de ceux originaires d’un autre continent non européen.
    Pour les immigrés, la ségrégation professionnelle est moindre pour ceux d’origine européenne que pour les autres, avec des écarts entre origines d’ampleur plus réduite que pour les descendants d’immigrés.

    #immigration
    #inégalités
    #travail
    #intégration
    #structure_sociale
    #indice_de_dissimilarité