• Au Liban, des employées domestiques étrangères vivent un enfer | Monde académie International
    http://mondeacinter.blog.lemonde.fr/2014/06/05/lenfer-des-employees-domestiques-au-liban

    Selon l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW), le Liban compterait quelque 200 000 employées de maison venues de l’étranger et travaillant dans des conditions souvent difficiles, à Beyrouth mais également dans des petits villages reculés de la Bekaa, à l’est du pays. D’après Noha Roukoss, responsable de la sensibilisation et de la formation des migrantes chez Caritas, il y aurait en outre 50 000 employées domestiques travaillant sans titre de séjour sur le territoire libanais.

    La plupart de ces femmes, qu’elles soient employées légalement ou illégalement, viennent des Philippines, d’Éthiopie, du Sri Lanka ou de Madagascar. Elles ont toutes quitté leur pays et leur famille dans l’espoir d’un avenir meilleur. Un espoir rapidement déçu pour Julienne. Elle a été non seulement privée de nourriture, mais aussi enfermée et battue : « Je n’avais pas le droit de sortir, ni de téléphoner à qui que ce soit. Même à la maison, je n’avais pas le droit de parler au mari ou aux deux enfants de ma patronne qui me battait chaque jour, à la moindre occasion ».

    Ces abus s’exercent dans le cadre d’une pratique locale appelée kafala, une forme de parrainage qui impose aux employées de maison d’avoir un « sponsor » pour entrer légalement au Liban. Ce « sponsor » – souvent le particulier qui les embauche – est considéré comme le garant de leur statut, y compris en cas de fuite. Les employeurs confisquent donc souvent les passeports des nouvelles recrues, dès leur arrivée, ce qui les expose particulièrement aux risques d’exploitation. Ce parrainage exclut du droit du travail libanais ces employées qui ne bénéficient d’aucune protection légale en cas de problème.

    Les abus peuvent aller très loin. « Un jour, ma patronne a vu que je mangeais dans la poubelle, alors elle s’est mise à me frapper très violemment », poursuit Julienne, la voix tremblante. Elle évoque aussi « les nuits sans dormir à repasser ou à nettoyer » et cet autre épisode : « J’ai été enfermée dans une pièce noire, sans fenêtre, pendant trois jours, sans eau ni électricité. Quand ma patronne est venue m’ouvrir, elle m’a ordonné de reprendre le travail aussitôt. »