Nidal

“You know what I did? I left troops to take the oil. I took the oil. The only troops I have are taking the oil, they’re protecting the oil. I took over the oil.”

  • Je ne vois pas comment on peut parler de l’Irak aujourd’hui sans citer The Redirection, de Hersh (mars 2007) :
    Annals of National Security : The Redirection
    http://www.newyorker.com/reporting/2007/03/05/070305fa_fact_hersh?currentPage=all

    The Saudis are driven by their fear that Iran could tilt the balance of power not only in the region but within their own country. Saudi Arabia has a significant Shiite minority in its Eastern Province, a region of major oil fields; sectarian tensions are high in the province. The royal family believes that Iranian operatives, working with local Shiites, have been behind many terrorist attacks inside the kingdom, according to Vali Nasr. “Today, the only army capable of containing Iran”—the Iraqi Army—“has been destroyed by the United States. You’re now dealing with an Iran that could be nuclear-capable and has a standing army of four hundred and fifty thousand soldiers.” (Saudi Arabia has seventy-five thousand troops in its standing army.)

    Nasr went on, “The Saudis have considerable financial means, and have deep relations with the Muslim Brotherhood and the Salafis”—Sunni extremists who view Shiites as apostates. “The last time Iran was a threat, the Saudis were able to mobilize the worst kinds of Islamic radicals. Once you get them out of the box, you can’t put them back.”

    The Saudi royal family has been, by turns, both a sponsor and a target of Sunni extremists, who object to the corruption and decadence among the family’s myriad princes. The princes are gambling that they will not be overthrown as long as they continue to support religious schools and charities linked to the extremists. The Administration’s new strategy is heavily dependent on this bargain.

    Nasr compared the current situation to the period in which Al Qaeda first emerged. In the nineteen-eighties and the early nineties, the Saudi government offered to subsidize the covert American C.I.A. proxy war against the Soviet Union in Afghanistan. Hundreds of young Saudis were sent into the border areas of Pakistan, where they set up religious schools, training bases, and recruiting facilities. Then, as now, many of the operatives who were paid with Saudi money were Salafis. Among them, of course, were Osama bin Laden and his associates, who founded Al Qaeda, in 1988.

    This time, the U.S. government consultant told me, Bandar and other Saudis have assured the White House that “they will keep a very close eye on the religious fundamentalists. Their message to us was ‘We’ve created this movement, and we can control it.’ It’s not that we don’t want the Salafis to throw bombs; it’s who they throw them at—Hezbollah, Moqtada al-Sadr, Iran, and at the Syrians, if they continue to work with Hezbollah and Iran.”

    • Tout ce passage est, en gros, une citation de Vali Nasr, qui n’est généralement pas considéré comme totalement inculte :-)

      Ici, les frères n’apparaissent pas seuls, mais une unique fois dans « Muslim Brotherhood and the Salafis » ; quand il évoque les relations avec le royaume, il ne parle plus des Frères explicitement, mais sous la forme : « both a sponsor and a target of Sunni extremists ».

      Le seul passage du texte où les Frères sont présentés de manière centrale, c’est au sujet de la Syrie, avec Abdul Halim Khaddam et Joumblatt.

    • Il n’est pas inculte, tu as raison, il est « biaisé »
      un des événements majeurs des dix dernières années est la rupture entre l’Arabie et les Frères, on le voit aujourd’hui en Egypte. Ne pas le prendre en compte, relève d’une analyse biaisée
      Quant aux salutistes, contrairement aux Frères, il relèvent de mille et une tendances et courants qui sont utilisés par les uns et les autres (Y compris Sissi en Egypte, l’Arabie et… Assad)

    • Mais encore une fois : le texte ne parle quasiment pas des Frères, donc les liens entre les Frères et les Séoudiens ne me semblent pas appeler un développement détaillé au-delà de la mention de leur aspect conflictuel dans « both a sponsor and a target of Sunni extremists ».

      Il y a cette évocation rapide par Nasr, dans une partie qui justement est dans la logique d’une perspective historique. Je veux bien que tu trouves ça rapide, mais pas de quoi à mon avis tirer de ce détail précis l’idée d’un gros biais (en revanche, que Hersh fasse des choix politiques qui transparaissent dans cet article, oui évidemment).

      Dans le reste du document de Hersh, la seule fois où les Frères sont expliquement évoqués, c’est dans un long paragraphe sur la Syrie, notamment via Khaddam et Joumblatt. Or, là, les liens entre l’Arabie séoudite, le 14 Mars libanais, Khaddam et les Frères syriens ne sont plus tellement mystérieux désormais : par exemple, on a le célèbre câble des Wikileaks dans lequel Saad Hariri donne des conseils pour un changement de régime en Syrie :
      http://www.al-akhbar.com/node/10062

      13. (S/NF) If the regime were to fall in Syria, who would be there to fill in the vacuum? Perplexed that the Alawites, who make up only 7-8 per cent of Syria, could rule so exclusively as “a family business” over a vast Sunni majority, Saad suggested that the Syrian Muslim Brotherhood, in partnership with ex-regime figures like Abdel Halim Khaddam and Hikmet Shehabi ("though he’s still close to the regime"), could step into the void. Saad claimed that the Syrian Brotherhood is similar in character to Turkey’s moderate Islamists. “They would accept a Christian or a woman as President. They accept civil government. It’s like Turkey in Syria. They even support peace with Israel.” Saying that he maintains close contact with Khaddam (in Paris) and Syrian Muslim Brotherhood leader-in-exile Ali Bayanuni (in London), Saad urged us to “talk to Bayanuni. See what he’s like. You will see wonders.”

      Détails intéressant : dans l’introduction de ce câble, l’ambassadeur américain précise que Saad a fait la différence entre les Frères syriens et les Frères égyptiens et le Hamas :

      Saad himself counselled a complete regime change in Syria, with a possible replacement being a hybrid Muslim Brotherhood/ex-Baathist government more in line with the moderate Islamist government in Turkey than with the Egyptian Muslim Brotherhood or Hamas.

      Du coup, l’article de Hersh n’évoque réellement les Frères musulmans dans son pourtant très long texte qu’à un seul moment, et c’est dans le cas de la Syrie ; et dans ce cas, on a notoirement des informations sur les liens entre les agents séoudiens au Liban, Khaddam et les Frères syriens.

    • Rumor, je ne vois pas bien le sens de ta question. Les gens (nombreux) qui, comme toi, suspectent que Saad ne connaît pas grand chose aux sujets qu’il aborde, et qui pensent qu’il y forcément quelqu’un qui parle par sa bouche… ces gens ne doutent pas qu’il est le représentant des intérêts séoudiens au Liban.

      De fait, dans le câble (mais c’était un secret de polichinelle), on a bien le représentant des séoudiens qui conseille aux Américains de travailler avec les frères syriens et Khaddam, de rencontrer le merveilleux Bayanuni.

      Donc, c’est bien ce que je dis : Hersh dans son article ne mentionne les Frères précisément que dans un cas : la Syrie. Or, justement, évoquer les liens entre des intérêts séoudiens (le 14 Mars libanais) et les Frères musulmans syriens en 2007 n’est pas du tout une erreur, puisqu’encore en 2006, Saad Hariri met lui-même ces liens en avant quand il rencontre l’ambassadeur américain.

      Pour aller dans le sens de ta remarque : si Saad parlait pour lui-même, son propos ne serait pas intéressant. Mais c’est bien parce que ce sont des intérêts séoudiens qui s’expriment « par sa bouche » que je le cite ici.

    • je n’avais pas « partagé » et donc pas eu ta réponse. « Polichinelle » ou « marionnette » est certainement le terme qui convient pour parler de Saad, et je ne doute pas qu’il soit le plus souvent le polichinelle des saoudiens. Parfois surement aussi des américains, mais s’en aperçoit-il seulement ? Je ne met pas en question la source et son intérêt. Ce que je trouve terrifiant, c’est que son « camp » (mais le terme a t il un sens, une réalité sociologique ou bien n’est ce qu’une ligue géopolitique sans plus de lien concret avec le paysage social du Liban) continue à en faire la bouche qui exprime ses intérêt alors qu’il n’en sort que la voix d’autres acteurs. Mais peut être ces étonnements sont-ils sont ils trop naïfs... Je persiste à penser que son père, tout héraut des Saoudiens qu’il fut aussi, avait plus d’épaisseur, plus d’ancrage, plus de volonté propre que Saad.