• Intéressant Michel Goya :
    http://lavoiedelepee.blogspot.com/2014/07/sisyphe-gaza.html?m=1

    La campagne de frappes par missiles et roquettes, malgré l’apparition de projectiles comme les missiles M-302 à longue portée (160 km et donc capables de frapper Tel Aviv et Jérusalem) et à grande puissance (charge de 140 kg d’explosif), est toujours aussi peu létale pour les civils israéliens puisque « seulement » deux en ont été victimes. Sachant que la mortalité moyenne de la population israélienne sur vingt jours est d’environ 2 300 personnes, on peut même considérer qu’en perturbant la vie courante (en réduisant par exemple la circulation automobile) le nombre de décès a peut-être même diminué durant la même période. Ce résultat, comparable à celui des trois autres opérations (respectivement 2, 3 et 4 pertes civiles) est à attribuer en partie à l’efficacité du système d’interception « Dôme de fer », le plus sophistiqué du monde en la matière, mais surtout au système d’alerte et de protection de la défense civile.

    Les brigades Al-Qassam, branche armée du Hamas, et leurs alliés, persistent cependant dans cette voie apparemment stérile car c’est un témoignage visible, de la persistance de leur volonté de combattre et, vis-à-vis de la population palestinienne, de ne pas subir sans riposter. Le deuxième résultat est la perturbation de la vie économique, et même de la vie tout court, israélienne placée sous une épée de Damoclès. Plus qu’une augmentation des pertes, le résultat de l’emploi de projectiles à plus grande portée (en fait plus facilement repérables et destructibles que les petites roquettes) est une augmentation de la surface de danger et donc de désorganisation. Combinée au coût d’emploi du système Dôme de fer, très supérieur à celui de l’artillerie à longue portée du Hamas, et de la mobilisation de presque 70 000 réservistes, cette perturbation rend économiquement très rentable l’emploi de celle-ci dans le cadre d’une guerre d’usure. Quant à la faible mortalité des projectiles, c’est finalement un avantage non-voulu dans la mesure où la disproportion systématique avec les pertes civiles palestiniennes finit toujours par éroder, au moins au niveau international, les justifications de l’opération israélienne de représailles. Cette image internationale, mais peut-être pas l’image du Hamas en interne, serait cependant encore favorisée si ces frappes palestiniennes, qui ne peuvent frapper que des civils et justifient ainsi l’accusation de terrorisme, n’existaient pas et que les pertes civiles étaient à sens unique.