• » Banques: des vigies contre Goliath
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    Une autre finance est possible. Au service de l’intérêt général. Qui investirait dans l’économie réelle plutôt que de spéculer en jouant à « pile je gagne, face la société perd – et c’est le contribuable qui casque ». Bien sûr, le puissant lobby bancaire résiste. A Bruxelles, son armada compte plus de 700 lobbyistes. Mais depuis dix-huit mois, un frêle Zodiac, l’ONG Finance Watch, tente d’exercer un contre-pouvoir. Et commence à se faire entendre à Berlin, Londres ou Paris. En écrivant une lettre ouverte au ministre de l’Economie, Pierre Moscovici, elle s’est invitée dans le débat français sur le projet de loi censé séparer et réguler les activités bancaires. Discuté ces jours-ci à l’Assemblée nationale, celui-ci égratigne à peine les opérations spéculatives des banques. Un renoncement du politique, un an après les promesses électorales de François Hollande. Reportage au QG bruxellois de Finance Watch, où nous avons suivi ses treize salariés. Pas des révolutionnaires, juste des banquiers défroqués en quête de (bon) sens....

    « Pas de populisme »

    « Où est la hache ? » Grande, élégante, Aline Fares déboule dans le bureau en rigolant. Ancienne de Dexia, la banque franco-belge sauvée à grands frais, la conseillère en stratégie et analyse du secrétaire général a rédigé un document proposant des amendements au projet de loi français. Il est temps d’envoyer le communiqué aux médias. La hache aurait symbolisé à merveille la mesure du candidat Hollande : scinder les activités des banques en deux, d’un côté la banque de dépôt, celle de M. Tout-le-monde et des PME ; de l’autre la banque d’affaires. Tchac ! Histoire d’éviter que les citoyens paient pour la faillite d’un établissement sorti tout nu du casino. Las, cette coupe franche a disparu : le texte prévoit juste de filialiser les activités les plus dangereuses.

    Le communiqué de l’ONG ne mâche pas ses mots (« Dans l’état actuel du projet de loi, […] la société continuera à garantir l’activité de trading au détriment du financement de l’économie, et le contribuable continuera à subventionner les bonus des traders »). Mais la photo sera neutre. Un stylo posé sur de gros volumes de jurisprudence. La hache, c’était une blague. Malgré son surnom de Greenpeace de la finance, l’organisation évite les campagnes chocs. « Nous ne faisons pas de populisme antibanques. Les errements de la finance, c’est plus compliqué qu’une histoire de gentils et de méchants », justifie Greg Ford, le directeur de la communication, ex-journaliste financier britannique. Ô surprise, l’ONG, sise dans cinq pièces, partage machine à café et imprimante avec ses voisins de l’AFME (Association des marchés financiers en Europe), le bras armé des banques d’affaires. Dans le même immeuble, on trouve aussi Merrill Lynch, Bank of America et l’ISDA, le lobby des swaps et produits dérivés. « C’est un hasard, sourit Greg. Nos relations sont cordiales, mais parfois, je cours chercher ce que je viens d’imprimer. »...

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