Articles repérés par Hervé Le Crosnier

Je prend ici des notes sur mes lectures. Les citations proviennent des articles cités.

  • Politiques de la Pachamama - Ritimo
    http://www.ritimo.org/article5316.html

    À bien des égards, la majorité des partis de gauche en Amérique du Sud constituent un progrès par rapport à leurs prédécesseurs néolibéraux. Ils ont contribué à tracer un chemin formidable vers des modèles alternatifs qui sont une source d’inspiration dans le monde entier. Dans l’ensemble, ils ont permis aux pays de se libérer du joug du Fonds Monétaire International et des dictatures soutenues par les États-Unis, et leur ont donné les moyens d’accéder à l’autodétermination. Dans l’intérêt de ses nouvelles orientations, il est à espérer que la droite néolibérale ne parviendra pas à regagner du terrain dans la région dans un futur proche et que Washington ne pourra plus continuer à s’immiscer dans les affaires d’une Amérique Latine toujours plus indépendante.

    Néanmoins, alors que cette marche vers le progrès se poursuit sous toutes ses formes, et que les périodes d’élections vont et viennent, les perdants de la nouvelle gauche d’Amérique Latine sont bien souvent les mêmes qu’avant... les communautés rurales expropriées et les mouvements indigènes qui, pourtant, ont ouvert la voie ayant permis à ces présidents d’accéder au pouvoir. Au nom du progrès, de la Terre Mère, du Buen Vivir et du socialisme du XXIe siècle, ces gouvernements contribuent à empoisonner les rivières et la terre, et à déplacer, emprisonner et assassiner les militants anti-extractivistes. Une solidarité qui resterait aveugle à cette contradiction causerait beaucoup de tort aux divers mouvements populaires qui luttent pour un monde meilleur.

    Si un modèle alternatif - mettant la qualité de vie et le respect de l’environnement au-dessus de la croissance du produit intérieur brut et de l’expansion de la société de consommation, plaçant la soutenabilité au-dessus de la dépendance face à l’extraction des matières premières finies, mais aussi respectant le droit à une agriculture à petite échelle et le droit à l’autonomie des territoires indigènes plutôt que l’intérêt des compagnies minières et des exploitations de soja - parvient un jour à triompher, ce modèle sera sûrement le fruit des luttes menées par ces mouvements populaires. Pour que ce modèle réussisse à transformer les tendances progressistes de toute la région, il est nécessaire que les espaces de dissidence et de débat au sein des mouvements indigènes, paysans et de défense de l’environnement soient respectés et renforcés, et non pas écrasés et réduits au silence.

    « Nous sommes debout, et nous manifestons contre l’extractivisme, conclut Rojas, la Terre Mère est fatiguée. »