• Bouteflika et la couleur des fleurs

    La presse, l’Unique et le professionnalisme - Liberté Algérie , Quotidien national d’information, 31.8.2014

    Par : Mustapha Hammouche

    “Le Petit Journal” de Canal Plus a fait de Canal Algérie sa tête de Turc. Il faut reconnaître que la chaîne satellitaire nationale prête complaisamment le flanc. Déterminée à remplir sa mission consistant à présenter un Président plus en forme qu’il ne l’est, elle innove en termes d’astuces pour offrir à son public l’image d’un chef d’État en possession de ses moyens physiques.
    Cette fois-ci, l’émission s’est intéressée à la manière dont le journal de Canal Algérie a rendu compte de l’audience accordée par Bouteflika au président du mouvement tunisien Ennahda, Ghannouchi, démontant les grossiers montages auxquels notre télévision d’État s’est joyeusement adonnée. On y apprend encore que l’Unique a recouru à un audacieux subterfuge : intercaler, entre les plans larges d’actualité, des plans serrés tirés d’un journal télévisé de janvier dernier !
    Bien sûr, le quidam qui regarde Canal Algérie dans sa chaumière ou du fond de son exil, n’a pas la vigilance du professionnel averti des procédés manipulatoires de télévisions de pouvoir. C’est donc en toute confiance qu’il s’est concentré sur “l’information”, sans remarquer que le bouquet de fleurs avait changé de couleur et que le mur nu s’était transformé en rideau selon que le plan était large ou serré. Se contentant de noter, grâce à ces plans antidatés, que le Président conversait en agitant machinalement sa main droite.
    Après tout, c’est ce citoyen confiant qui intéresse et auquel s’adressent la communication officielle en général et l’ENTV en particulier.

    Que l’auditoire de Canal Plus s’esclaffe devant son bricolage propagandiste ne l’importune apparemment pas outre mesure, puisque “le Petit Journal” est devenu un habitué de l’exploitation badine de son œuvre. Mais ce faisant, il nous renvoie l’image — c’est le cas de le dire ! — navrante d’un pays à la peine dans sa volonté d’imposer l’idée d’un chef d’État en bon état de santé. "