Le gouvernement néolibéral par la dette s’immisce partout et vient amender une société de surveillance qui est également une société punitive (voir le cours au collège de France en 1972-73 de Michel Foucault et le lien qu’il établit entre la forme prison et la forme salaire , deux modalités de contrôle de ceux qui ne disposent que de leur temps, les prolétaires : la « dissipation » ouvrière, temps soustrait à l’exploitation, est l’objet du contrôle). Des comportements prescrits sont autant de dettes sociales, et leur non respect entraîne sanction morale (culpabilité, honte) et sanctions matérielles. On ne doit pas « être chômeur » sans souscrire à des « devoirs » (la rhétorique des droits et devoirs est unanimement employés par les tenants du « contrat social », d’un pacte qui nous lierait à cette société), dont celui de prouver que l’on cherche un emploi (cf la loi sur le contrôle des chômeurs adoptée en 1992, Aubry était misère, euh, ministre, du travail).
On glorifie l’entreprise depuis les années 80 (merci PS, merci Tapie). Le salarié est un coût et non un producteur de richesses. Le discours sur l’entreprise tenu par nos économaîtres depuis les années 80 vise à en à faire LA productrice de richesses : c’est le renversement « marxiste » du marxisme : aux producteurs de richesses, ces prolétaires exploités, dépourvus de pouvoir politique, non-citoyens de fait, de foutre en l’air cette société pour en instaurer une autre gérée par les producteurs eux-mêmes, on substitue l’institution entreprise, c’est à dire le capital, promue coeur de la société. La refondation « sociale » patronale de la fin des années 90 a pu s’appuyer sur les palinodies socialistes. le CNPF a été transformé en « mouvement des entreprises de france » destiné à décider de l’organisation sociale. L’assujettissement au capital doit impliquer la subjectivité de chacun qui doit s’en transformée, (voir le texte de Gorz, La personne devient une entreprise, note sur le travail de production de soi , ►http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=4199 ).
Quant au contrôle, il suffit de voir comment sont traités les Rroms et les sans pap, les « justiciables » ou les djeun’s de banlieue, pour savoir ce qu’est la norme sociale, qui comme souvent se révèle dans toute sa force « à la périphérie » de ce « normal » dont aime à se revendiquer Hollande, le pédégé de l’entreprise France, « périphérie » de la non citoyenneté, de la prison, et pour ce qui est du salariat, périphérie du salariat « normal », c’est-à-dire centralement dans le chômage, et aujourd’hui dans le « chômage en activité à temps réduit », coeur du néosalariat précaire, du précariat en tant que catégorie sociologique, à défaut de constituer, sauf par exceptions temporaires et résorbantes (?), une réalité politique tangible.
Les dirigeants ont le le modèle allemand du plein emploi précaire et ses 25% de travailleurs pauvres (voir ►http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=6023) en ligne de mire... Lénine disait que pour occuper une gare les Allemands achetaient d’abord un ticket de quai. Ici, il a existé une « tradition révolutionnaire » dont on constate la réactivation partielle lors de divers mouvements collectifs de refus de l’ordre social. C’est aussi en raison de la crise de la pensée et de l’action révolutionnaire qu’il n’existe aucun espace pour le réformisme dans le capitalisme néolibéral, seulement place pour des contre réformes.
La convention anti chômeurs récemment agréée par le PS en est un très bon exemple : une des leçons que l’on doit tirer de l’allongement du différé d’indemnisation qu’île instaure c’est que le chômeur doit commencer son apprentissage de la précarité par la non indemnisation (fut-elle à durée déterminée si elle ouvert des droits). Il s’agit de naturaliser le fait que le chômage ne doit pas être payé, comme c’est le cas pour la majorité des chômeurs. Et je ne crois pas que les idées de « revenu de base » qui présentent l’inconvénient majeur de proposer un « projet de société » plutôt que des objectifs de lutte soit une réponse appropriée. La seule question me parait être celle de la force collective et agissante à construire. C’est à partir de pratiques d’émancipation c’est à dire de rupture d’avec la logique sociale (concurrentielle) que d’autres questions et d’autres réponses, certainement inouïes, non imaginées (et pas des « projets de société »), pourront éventuellement à nouveau surgir.
C’est dire trop et pas assez. Tant pis encore pour cette fois.
Des recettes pour déjouer le contrôle Policemploi
►http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=5630
(à parfaire collectivement pour les actualiser en fonction de l’évolution des pratiques - dématérialisation du contrôle, data mining, croisement de fichiers- du bras armé de la précarisation qu’est Pôle emploi)
Des matériaux pour le #précariat
►http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=7333