• [L’oeil itinérant] L’Otan va-t-elle libérer le Djihadistan ?
    par Pepe Escobar
    Traduit par Daniel pour vineyardsaker.fr
    http://www.vineyardsaker.fr/2014/09/06/loeil-itinerant-lotan-va-t-liberer-djihadistan

    Le calife devrait toutefois savoir, même s’il est en bonne partie le produit de l’Occident, avec une contribution significative du Conseil de coopération du Golfe (CCG) sous forme de pétrodollars liquides, que l’Otan ne lui a jamais promis un jardin de roses.

    De façon prévisible donc, les ingrats Barack Obama et David Cameron, le Premier ministre britannique (ces deux là oui, parce que la « relation spéciale » est tout ce qui compte au sein de l’Otan, les autres n’étant que des faire-valoir) ont juré d’aller aux trousses du calife en montant une grande (en fait, pas si grande que ça) « coalition des volontaires », formée des suspects habituels du CCG, plus la Turquie et la Jordanie, pour bombarder le Kurdistan irakien, une partie de l’Irak sunnite et même la Syrie. Après tout, c’est le président syrien « Bachar al-Assad doit partir », ou plutôt « la brutalité d’Assad », pour reprendre la formulation de Cameron, que visent vraiment les actions du calife.

    Tout cela au nom de la Guerre mondiale contre le terrorisme et de sa liberté immuable à jamais.

    Il faut stopper le calife slave

    Le secrétaire-général sortant de l’Otan, Anders « Fogh la Guerre » Rasmussen, était un peu ébranlé. Après tout, ce sommet de l’Otan au Pays de Galles devait être le « moment crucial » où l’Otan, au faîte de sa rhétorique de Guerre froide 2.0, devait porter secours aux « alliés », les 28 au complet, face à la sombre morosité de leur insécurité. La réplique du glorieux Eurofighter Typhoon déployée devant l’hôtel du sommet de l’Otan à Newport, au sud du Pays de Galles, en dit d’ailleurs long à ce sujet.

    Pour compléter, le méchant calife slave, Vlad Poutine lui-même, a élaboré un plan de paix en sept points afin de régler le bourbier ukrainien, au moment même où la lamentable armée de Kiev est réduite en bœuf Stroganov par les fédéralistes/séparatistes dans le Donbass. Le président ukrainien Petro Porochenko, qui, jusqu’à hier encore, poussait des hurlements (Invasion !) jusqu’à s’en arracher les poumons, a laissé échapper de longs soupirs de soulagement. Puis il a révélé, en passant, que Kiev allait recevoir des armes de haute précision d’un pays anonyme, qui ne peut être que les États-Unis, le Royaume-Uni ou la Pologne.

    Sauf que tout cela pose problème. Contre qui l’Otan va-t-elle défendre la civilisation occidentale, si la menace que constitue « l’agression russe » se dissout dans une feuille de route menant à la paix ?
    (...)

    Pour sa part, la « vieille Europe » a tenté du moins de sauver un espace de négociation avec Poutine. Cette chère prudence, démontrée surtout par Berlin, a fini par aboutir au plan de paix de Poutine.

    Juste au cas où, pour ne pas trop froisser l’Empire du Chaos, Paris a annoncé qu’elle ne livrera pas à Moscou, comme prévu, le premier des deux navires porte-hélicoptères Mistral. L’Otan ne s’est pas fait prier non plus, pour durement condamner la Russie à propos de l’Ukraine, et l’Union européenne a renchéri en imposant d’autres sanctions.

    Quant à Fogh la Guerre, c’était prévisible, il a continué à jongler avec sa rhétorique digne de « Mars attaque ! » [1], en blâmant Moscou pour tout. L’Otan n’est rien d’autre qu’une force d’apaisement innocente, puissante et solide. Mais l’Otan n’est pas assez insensée pour commencer à dépeindre la Russie comme une ennemie déclarée.

    #OTAN