• Révélations des refuzniks israéliens : le côté obscur de la force d’occupation
    jeudi 25 septembre 2014 / Jonathan Cook / Traduction : Info-Palestine.eu - Marie Meert
    http://www.info-palestine.net/spip.php?article14963

    Les 43, que la loi israélienne empêche de s’identifier publiquement, disent qu’ils ont évité de servir pendant la dernière attaque d’Israël contre Gaza, craignant ce qui allait être autorisé. Mais leur inquiétude concerne bien davantage que la seule légalité des attaques militaires.

    « La vie des autres »

    Aveu révélateur, l’un des réservistes dit qu’il a commencé à se poser des questions sur son rôle après avoir vu « La vie des autres », le film dépeignant la vie sous la Stasi, l’impitoyable police secrète de l’Allemagne de l’Est. On estime que la Stasi a établi des dossiers sur 2 millions d’Allemands de l’Est jusqu’à la chute du Mur (de Berlin).

    Selon les refuzniks, une grande partie des renseignements israéliens visent « des personnes innocentes ». L’information est utilisée « à des fins de persécution politique », « pour recruter des collaborateurs » et « pour retourner des segments de la société palestinienne contre elle-même ».

    Les pouvoir de surveillance de l’unité 8200 s’étendent bien au-delà des mesures de sécurité. Ils recherchent les faiblesses d’ordre privé des Palestiniens – leur vie sexuelle, leurs problèmes d’argent et leurs maladies – pour les forcer à contribuer à leur propre oppression.

    « Si vous aviez besoin d’une aide médicale urgente en Israël, en Cisjordanie ou à l’étranger, nous nous en occupions pour vous » reconnaît un réserviste.

    Les choix désespérés que doivent faire les Palestiniens ont été illustrés par une mère de 7 enfants, à Gaza la semaine dernière. Elle a dit à l’agence AP qu’elle et son mari avaient été recrutés comme espions en échange de traitements médicaux en Israël pour un de leurs enfants. En 2012, son mari a été exécuté sommairement par le Hamas pour collaboration.

    Contrôler la vie palestinienne du berceau jusqu’au cercueil

    L’objectif de la collecte de renseignements, soulignent les refuzniks, est de contrôler chaque aspect de la vie palestinienne, du berceau jusqu’au cercueil. La surveillance aide à confiner des millions de Palestiniens dans leurs ghettos territoriaux, elle assure leur totale dépendance d’Israël, et oblige même certains d’entre eux à servir d’intermédiaires infiltrés, au profit d’Israël acheteur de terres pour l’extension des colonies.

    Les Palestiniens qui résistent risquent d’être emprisonnés ou exécutés.
    (...)
    Les dissidents de l’unité 8200 le croyaient aussi : que leur confession pourrait mener à un examen de conscience national, à des enquêtes suite à leurs allégations, et à des protestations de masse comme celles qui avaient accueilli la nouvelle des crimes de guerre au Liban, au début des années ’80.

    Ils étaient très loin de la vérité.

    Condamnation tous azimuts des refuzniks

    Le Premier Ministre israélien Netanyahou a donné le ton, dénonçant la lettre comme « une calomnie sans fondement ». L’armée a dit que ces soldats seraient « sévèrement sanctionnés ». Le ministre de la Défense, Moshe Yaalon, les a qualifiés de « criminels ».

    Le chef de l’opposition travailliste, Isaac Herzog, de l’aile dite « de gauche », a qualifié leur protestation « d’insubordination », tandis que Smola, un parti créé ce mois-ci pour ranimer la gauche [sioniste], qualifiait l’action des soldats de « mauvaise ».

    Dans les médias israéliens, le groupe a été rejeté comme excentriques se berçant d’illusions, perdants « planants » et « enfants gâtés ». S’il existe une partie de l’électorat qui s’en inquiète tant soit peu, elle est demeurée d’un calme stoïque.

    Il est révélateur que Herzog lui-même a fait son service comme officier à l’unité 8200. Il a sans doute participé aux mêmes vilains secrets, mais il s’est servi de son influence politique pour protéger le système plutôt que pour lancer l’alarme.

    Il semble bien que lorsque la barbarie de l’occupation est la plus transparente, quand les Israéliens ont vraiment du mal à détourner le regard ... ils ferment tout simplement les yeux.