Les fonctions positives de la #pauvreté | Contretemps
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La pauvretĂ© est ordinairement Ă©tudiĂ©e par le biais des difficultĂ©s quâelle provoque, des coĂ»ts quâelle engendre, des politiques publiques ou privĂ©es qui la causent, ou bien des consĂ©quences quâelle produit sur les populations concernĂ©es. Dans cet article classique paru en 1972 dans lâAmerican Journal of Sociology, inĂ©dit en français et prĂ©cĂ©dĂ© dâune introduction de Hadrien Clouet, Herbert Gans renverse la perspective et cherche Ă identifier lâintĂ©rĂȘt quâont certains acteurs au maintien ou Ă lâextension de la pauvretĂ©. Au lieu de pointer les problĂšmes issus de la pauvretĂ©, il en recherche les avantages : si elle survit aux politiques publiques, câest que la pauvretĂ© profite selon lui Ă certains groupes sociaux.
Lâanalyse fonctionnelle Ă la Merton est employĂ©e afin dâexpliquer la persistance de la pauvretĂ©, et quinze fonctions que remplissent la pauvretĂ© et les pauvres pour le reste de la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine â notamment les plus aisĂ©s â sont identifiĂ©es et dĂ©crites. Des alternatives fonctionnelles sont suggĂ©rĂ©es, qui se substitueraient Ă ces fonctions et rendraient la pauvretĂ© superflue. Mais les alternatives les plus importantes sont elles-mĂȘmes dysfonctionnelles pour les riches, car elles nĂ©cessitent une certaine redistribution des revenus et du pouvoir. Une analyse fonctionnelle de la pauvretĂ© arrive donc aux mĂȘmes conclusions que lâanalyse sociologique radicale, dĂ©montrant Ă nouveau lâassertion de Merton selon laquelle le fonctionnalisme ne sâavĂšre pas forcĂ©ment conservateur dans ses perspectives idĂ©ologiques ou ses implications.
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