Toujours cette amusante bonne conscience française :
– en mai 2003 (« quelques semaines après la chute de Bagdad »), Colin Powel débarque à Damas et vient menacer clairement Bachar Assad :
Powell exige la fermeture des bureaux des organisations radicales palestiniennes, la rupture avec le Hezbollah libanais et le verrouillage de la frontière avec l’Irak.
avec cette remarque élégante :
Enfin, le chef de la diplomatie américaine pose un ultimatum à Bachar et lui dit en substance : « Vous êtes du côté des perdants. Vous pouvez participer au processus de paix ou vous pouvez rester en arrière. Le train a quitté la gare. Faites votre choix ! »
– six mois plus tard (novembre 2003), Chirac envoie « son sherpa diplomatique » à Bachar. Lequel témoigne dans le livre, avec une candeur qui laisse coi :
Mon message était de lui signifier combien la région avait changé avec l’intervention américaine en Irak et d’en tirer les conclusions en prenant lui-même une initiative diplomatique montrant qu’il bougeait lui aussi car son immobilisme n’était plus tenable. Il ne pourrait rester longtemps isolé sans en payer le prix.
Il n’est pas difficile de se rendre compte qu’en termes à peine plus courtois, le français (qui était encore récemment l’allié des syriens dans l’opposition à l’invasion américaine) vient de répéter mot pour mot la logique et la menace du cow-boy : suivez le courant américain ou bien vous en paierez le prix.
Très logiquement, Bachar s’énerve, dénonce le « “complot américain” visant à lui tordre le bras ». (Le livre vient d’ailleurs d’expliquer que Chirac était déjà en train d’essayer de se rapprocher des Américains et de se faire pardonner son opposition à l’invasion à l’ONU ; de fait, la réaction de Bachar Assad est d’autant plus logique que le simple coup de colère.)
Ce qui provoque dans le livre la conclusion psychologisante à deux sous :
« Bachar el-Assad a ainsi montré une sorte de complexe d’enfermement qui correspondait finalement bien à sa personnalité et à son régime », estime aujourd’hui Maurice Gourdault-Montagne
Tous ces jugements de valeur emplis de bonne conscience franco-française exprimés par des anciens diplomates, à peine trois chapitres et j’en suis déjà gavé. Le reste est intéressant, mais ces petites considérations vaseuses, c’est vraiment très faible.