• Une autre piste d’explication

      Elle est moins originale, moins anthropologique et fracassante, mais plus pragmatique et peut-être plus juste. Les aires urbaines qui ont le moins manifesté sont celles qui sont les plus ouvrières, les moins diplômées, où le chômage est le plus élevé et où l’on vote le plus pour le Front National, tous ces critères ayant tendance à être associés entre eux. Cela ne veut pas dire que les chômeurs, les ouvriers, les non diplômés et les électeurs du Front national n’ont pas manifesté, mais que ce cocktail d’indicateurs est associé dans les lieux avec la mobilisation dans les manifestations. Quel sens cela peut-il avoir ? Peut-on envisager que la faible participation aux manifestations du 10-11 janvier se situe en continuité directe du désintérêt envers les institutions, la vie politique traditionnelle, les élections et le débat politique classique ?

    • Un commentaire qui suit l’analyse :
      "Excellent et utile travail statistique qui vient compléter les cartes parues dans « Qui est Charlie ». Néanmoins, il y a ici une erreur logique : affirmer qu’on ne peut pas tirer de conclusions sociologiques de la production de ces cartes (affirmation néanmoins contestable) ne fait qu’inverser la proposition de Todd, qui consiste à valider son propre modèle sociologique en s’appuyant sur les cartes, notamment (Todd ne s’appuie pas que sur des cartes heureusement). Affirmer que la catégorie « catholique zombie » n’est pas retenue par l’INSEE n’a aucune valeur démonstrative en terme de validation ou de réfutation. Après avoir confirmé comme vous le faites la validité globale des analyses tirées des cartes de l’ouvrage, ce qu’il faut faire, ce n’est pas de confronter ces résultats aux catégories de l’INSEE, mais au modèle théorique développé par Todd."

      Le fait que que les "aires urbaines qui ont le moins manifesté sont celles qui sont les plus ouvrières, les moins diplômées, où le chômage est le plus élevé" va dans le sens de Todd pour qui la France qui a manifesté était celle des classes moyennes supérieures éduquées, diplômées et travaillant. Le fn n’étant peut être pas une données explicative.
      En ce qui concerne le désintérêt au politique et si on peut le traduire par les taux d’abstentions enregistrés, il faut pas oublier que tout un pan de cette abstention est politique.

    • « Cette manifestation massive ne serait pas l’expression de l’esprit des lumières, de la défense de la république et de la liberté d’expression ou une dénonciation de l’antisémitisme ».
      Défiler avec la crème des dictateurs semble très en adéquation avec l’esprit des lumières. La défense de la République mérite les lois mettant toute la population sur surveillance, voire aussi Nous sommes ces indigènes qu’on parfume au gaz lacrymogène http://www.etatdexception.net/nous-sommes-ces-indigenes-quon-parfume-au-gaz-lacrymogene
      Une dénonciation de l’antisémitisme ? Être Charlie a été un moyen bien commode pour ne pas être Yohan Cohen, Yoav Hattab, Philippe Braham ou François-Michel Saada. Après la tuerie orchestrée par les djihadistes somaliens, « tout le monde » s’est affiché je suis Kenya sans que personne n’émette ne serait ce que l’idée, d’être kényan. Elles sont belles les lumières.
      La manifestation a surtout été le vecteur pour exprimer son islamophobie.

    • Et la base de départ est le nombre chiffré de participants à une manifestation où le comptage est pour une fois égal entre l’organisateur et la police.
      Il me semble que les manifestations contre la réforme des retraites étaient équivalentes à celles du 11 janvier, mais ce n’était évidemment pas le même conteur …

      #misère_de_l'intérieur