Rémi Gendarme

Auteur-réalisateur de films documentaires et par ailleurs, mais vraiment ailleurs, on peut dire en plus, en tout cas pas en moins porteur d’un handicap.


  • Indésirables, Philippe Barassat, 2015
    Comme je l’ai dit : 2 fois 1h30 de route pour aller voir ce film dans la seule salle de Dordogne. Vraiment pas déçu. Ce film est important. Il n’y a pas de doutes.
    Je trouve ce genre de moment que j’adore où on ne peut différencier la forme et le fond.
    Je ne permettrais personne de dire qu’Indésirables « aborde la question de l’accompagnement sexuel pour les handis », ce n’est pas la question. C’est un thème du film, certes, le héro se fait proposer de passer du temps avec des femmes, mais pas que, en échange d’un peu d’argent. Et là, moi, je trouve la différence essentielle entre un film à thèse, que l’on peut aussi appeler film de propagande, et un film de cinéma avec la seule chose que sait faire bien le cinéma c’est à dire des représentations, des récits, des images.
    Et c’est comme ça que ce film pose des questions, bien réelles !
    Bon. Il couche avec la première fille. C’est vachement bien. Il y a du corps, et ça c’est rare. Parce que, j’arrête pas de le dire, le handicap, comme le cinéma, c’est une histoire de corps. Et là, il y en a. Et le héro qui a sa vie, se trouve bien débile quand la fille lui dit qu’elle est amoureuse de lui et qu’elle veut se marier. Bah oui tiens tu t’attendais à quoi ?
    Et finalement, Jeremie, il se met à enchaîner. Ca défile dans son appart’, de toutes les tailles et de toutes les formes. La cour des miracles je vous dis ...
    Et puis il vient des bribes, des doutes, pourquoi il fait ça ? Le plaisir sexuel, on s’en fiche ... mais le reste, la charité, la compassion, le plaisir de sa propre image d’être celui qui accepte de faire ce que les éducs n’ont jamais toléré ... le sauveur. C’est Hervé Chenais, merveilleux dans son zozotement lubrique qui lui dit ça la première fois. Est-ce que ce n’est pas lui Jeremie qui a besoin de ces monstres pour ce sentir utile ?
    Et c’est là qu’on touche les limites, autant pour le débat que pour le cinéma. Le générique crédite les nombreux participants ainsi : non pas un film avec mais un film grâce à. On sent bien que celui-ci est fait avec 2 francs 50. C’est bien pour ça qu’il passe nulle part. Ce n’est pas vraiment à cause de sa qualité.
    Les images et idées données dans ce film dépassent largement son niveau de production. Alors, ça déconne un peu, forcément, trop de choses sont textuelles et pas vraiment mises en film. Il a voulu tout mettre dedans et parfois, il n’y a pas la place.
    Par exemple, la scène de fin ne tient pas debout (eheh c’est rigolo comme tournure... : - )) pas assez. Mais c’est pas grave parce qu’on sent ce qu’il aurait fallu faire.
    Il faut soutenir ce film à mort. Il faut qu’il passe au cinémabrut :
    http://www.cinemabrut.com
    Et à l’étrange festival :
    http://www.etrangefestival.com
    Et dans tous les festivals LGBT de France et de Navarre.

    Bref, vive le cinéma, vive le handicap, vive le corps et vive le cul !
    https://www.youtube.com/watch?v=XZT7YMf9DRc


    #critique_a_2_balles #Indésirables #Philippe_Barassat #Hervé_Chenais #2015 #film_d'handicapé #cinéma #cinémabrut #accompagnement_sexuel #prostitution #handicap #stras