Idée n°126 : comprendre Xylella
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Xylella fastidiosa, c’est un problème. Un gros problème (je rappelle pour ceux qui étaient sur Mars ces derniers mois que Xylella est une bactérie pathogène particulièrement retorse, qui s’attaque à pas mal de végétaux, cultivés et sauvages, et qui menace d’arriver bientôt en Corse, vu qu’elle fait des ravages dans le sud de l’Italie). José Bové l’a dit, c’est l’équivalent de la peste. Et si José Bové l’a dit, c’est que c’est vrai. Mais c’est un peu court, je trouve. [...]
Parce que le plus extraordinaire, c’est que toutes ces pestes sont là pour une bonne raison. Et par « bonne », j’entends bien « positive ». Dans un écosystème dégradé, déséquilibré, affaibli, la seule façon pour cet écosystème de s’en tirer, c’est de réduire sa biomasse globale et de modifier l’équilibre des espèces. Plus assez de nutriments, plus assez de vie biologique, l’écosystème doit éliminer une partie de ses populations pour retrouver un équilibre, et aussi modifier sa génétique générale. Les « pestes » servent à accélérer le mouvement de l’évolution génétique, à éliminer les individus les plus faibles et les moins adaptés (et de ce fait, par leur mort et leur décomposition, relancer les processus biologiques : une nouvelle biodiversité se mettra en place, et de nouveaux cycles pourront se succéder), et font partie de la résilience du système et de son évolution.
Évidemment, pour les individus sacrifiés, pour ceux qui subissent la peste, et pour nous qui faisons face à un risque terrible de destruction de notre patrimoine agricole, ce n’est pas d’un grand réconfort de savoir que les bactéries sont là pour réparer nos erreurs. Les millions de morts de la peste noire n’auraient sans doute pas été très réconfortés de savoir que l’épidémie était en train de rétablir l’équilibre population européenne/production agricole, et qu’un siècle plus tard démarrerait la renaissance. De même pour nous, si Xylella ou d’autres pestes détruisaient l’essentiel de nos espèces végétales, nous nous moquerions un peu de savoir que les écosystèmes sont capables de retrouver leurs équilibres en quelques siècles.
Réflexion intéressante, même si on peut ne pas partager l’optimisme qui consiste à croire que les « bactéries sont là pour réparer nos erreurs », etc.