• Communiqué de Presse unitaire : France stratégie efface la pauvreté des mères seules avec enfants | Osez le féminisme
    http://www.osezlefeminisme.fr/article/communique-de-presse-unitaire-france-strategie-efface-la-pauvrete-de

    La très récente étude de France Stratégie (organisme d’expertise rattaché au service du Premier Ministre) intitulée « Comment partager les charges liées aux enfants après une séparation ? » explique qu’en cas de séparation, si le niveau de vie baisse globalement pour les deux ex-conjoints, le sacrifice serait le plus important pour le parent n’ayant pas la garde de l’enfant, le plus souvent le père.

    Les pères seraient donc les premières victimes des ruptures de couple et supporteraient la majorité des coûts de l’enfant, notamment à cause des pensions alimentaires. Comment ne pas être interloquées, choquées même ? En effet, début mars dernier, le deuxième rapport annuel sur la mise en œuvre du « Plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale », mettait en lumière l’aggravation de la pauvreté chez les familles monoparentales (constituées autour des mères à 85 %) et chez les enfants. Le taux de pauvreté des familles monoparentales culmine à 32,4%, contre 10,8% pour les couples, et 14,1% pour l’ensemble des ménages.

    Nous dénonçons l’étude de France stratégie qui comporte en fait de très nombreuses limites, faussant le constat des inégalités entre pères et mères.

    D’abord, les résultats, fortement médiatisés de l’étude, reposent sur le cas type d’un couple composé de deux personnes ayant le même niveau de salaire… Or, selon les données de l’Insee, trois femmes sur quatre gagnent moins que leur conjoint, et cet écart s’accroît avec le mariage et l’arrivée d’enfants. Et, toujours selon l’Insee, les femmes en couple gagnent 42% de moins que leur conjoint en moyenne. Le cas type est donc bien atypique et très loin de la situation majoritaire réelle des couples.

    Les inégalités salariales et professionnelles entre femmes et hommes constituent une deuxième limite très forte de l’étude, que les auteurs reconnaissent d’ailleurs eux-mêmes. En effet, l’étude fait une impasse sur les décisions prises précédemment dans la famille amenant le passage à temps partiel pour les mères ou leur retrait massif du marché du travail. Doit-on rappeler qu’une femme sur trois qui travaille est effectivement à temps partiel et que le taux d’emploi des mères se réduit considérablement avec l’âge et le nombre des enfants, alors même que ces situations familiales n’ont pas d’effet sur les carrières des hommes ?

    Enfin, cette étude oublie la triste réalité des pensions alimentaires impayées. Que signifie de travailler sur des estimations de revenus, de pensions et de prestations sociales si on ne considère pas la réalité des 40% de pensions alimentaires non payées ?

    #masculinisme #divorce #patriarcat #pauvreté #discrimination