• Krise in Griechenland - « Ein inneres Griechenland in der Bundesrepublik » - Politik - Süddeutsche.de
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    Entretien avec Joseph Vogl

    "Il n’existe pas de monstre nommé « marchés financiers ». Et d’un point de vue purement juridique, ce sont les pays européens qui décident eux-même de leur appartenance à la monnaie unique. Mais il est vrai qu’on a abandonné certaines compétences - comme la politique monéraire - et on l’a soustraite au contrôle démocratique. Il s’agissait de suivre une doctrine libérale qui a pris force de loi avec le traité de Maastricht. C’est ce qui a fondé le pouvoir des dites « institutions » qui disposent désormais de compétences souveraines et dictent leurs priorités - comme être au service des intérêts des créanciers.
    En réalité, le régime financier actuel consiste en un vaste entrelacement d’acteurs privés et publics très divers. Il y a des gouvernements et des ministères des finances, des fonds de pension et des entreprises privées, dont certains possèdent pratiquement une fonction publique comme les agences de notation. Tous ces acteurs structurent ensemble le régime.
    (...)
    Ce qu’on a prescrit à la Grèce, c’est ce qu’on appelle du « managed decline ». Le concept remonte à l’époque où la libéralisation des marchés financiers a commencé. Ce sont des conseillers de Margaret Thatcher qui l’ont employé pour décrire comment on peut laisser aller à la ruine des régions industrielles entières, et leur population avec, sans que cela ne touche sérieusement le reste du pays. C’est un programme de répartition au sein d’un espace donné.
    (...)
    – Pourquoi ne pas laisser s’écrouler les banques ?
    Non, ça ne marcherait pas. Car avec les banques, ce serait aussi les systèmes d’assurances sociales privées - les assurances-vie, les fonds de pension - qui seraient entraînés dans l’abîme. La privatisation des retraites ou de l’assurance maladie devait faire fonctionner les marchés financiers, on y a cru avec une confiance sans limites et ça s’est avéré une légende. Et maintenant il faut que la politique fasse avec : elle s’est laissée enfermer dans la prison des marchés.
    (...)
    Les inégalités de répartition de revenu et de patrimoine se sont encore aggravées - dans chaque pays et dans le monde. Cela fait longtemps que le système ne garantit plus des conditions de base du welfare. Quant aux banques centrales, et surtout la BCE, elles sont arrivées aux limites de leur capacité d’intervention. La politique de l’argent pas cher a montré ces dernières années que les instruments des banques ont perdu de leur pouvoir. Les sommes colossales d’argent avec laquelle la BCE inonde le marché stimulent surtout les marchés d’actions et d’immobilier. Et préparent donc la prochaine crise.
    (...)
    En Allemagne, on peut encore trompetter quelques succès : les chiffres des exportations ou une destruction des acquis sociaux moins pire qu’ailleurs. Et pourtant les gens voient bien que quelque chose ne fonctionne plus. La moitié basse des salaires n’a cessé de dégringoler ces dernières années. Les communes sont très endettées et ne peuvent plus garantir la qualité des infrastructures. A chaque fois que je reviens en Allemagne, je peux voir une petite Grèce intérieure apparaître ici en République fédérale.
    (...)
    Aujourd’hui il est plus facile de se représenter la fin du monde que la fin du capitalisme. Notre pouvoir d’imagination politique est complètement sclérosé. Occupé par les discours sur « l’absence d’alternative ». Et si totalitaire veut dire qu’un régime colonise tous les domaines de la vie, alors oui, on peut sans doute que le capitalisme financier a atteint des dimensions totalitaires."

    Tatsächlich können wir uns heute eher den Weltuntergang als das Ende des Kapitalismus vorstellen. Unsere politische Vorstellungskraft ist recht marode oder sklerotisch geworden. Von ’Alternativlosigkeiten’ okkupiert. Und wenn totalitär bedeutet, dass ein Regime alle Lebensbereiche erfasst: Ja, dann lässt sich wohl sagen, dass der Finanzkapitalismus totalitäre Dimensionen erreicht hat.

    #néo-libéralisme #Etat #concurrence #dette #Hartz