• Ce qui est beau avec les charities c’est que, après avoir été un requin sans pitié, tu peux te faire qualifier de champion de la générosité quand tu « donnes » ta fortune à une organisation qui en fait est plus un hedge fund dispensé d’impôts qu’une distribution d’argent à tout le monde, tout en continuant à en être en réalité propriétaire et en pouvant te faire grassement « indemniser » à chaque fois que tu poses tes fesses sur les fauteuils douillets du Conseil d’Administration. Une retraite bien tranquillou avec blanchiment de la bonne conscience pour pas cher. Et les avantages ne s’arrêtent pas là, puisqu’ensuite tu peux encore nommer ton fils président du CA et ainsi lui transférer ta fortune avec zéro impôts sur la succession.
    http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/07/02/la-generosite-du-prince_4667538_3234.html
    D’autres examples de « philanthropie » : http://www.telegraph.co.uk/news/politics/10224104/30-charity-chiefs-paid-more-than-100000.html

    • Des milliardaires qui s’engagent dans les oeuvres caritatives
      https://fr.news.yahoo.com/milliardaires-sengagent-oeuvres-caritatives-151503014.html

      A l’instar du prince saoudien Al-Walid Ben Talal, qui s’est engagé à allouer à terme sa fortune (32 mds de dollars) à des projets sociaux et humanitaires, d’autres personnalités richissimes ont, elles aussi, investi dans des oeuvres caricatives.

      – Bill GATES (cofondateur de Microsoft) et sa femme Melinda, le couple le plus riche du monde, créent en 2000 la Fondation qui porte leur nom. Elle compte quelque 1.200 employés et a déjà mobilisé des milliards de dollars pour combattre diverses maladies, comme le Sida et le paludisme, et favoriser l’éducation. Elle a distribué environ 4 mds de dollars en 2014. Son siège est à Seattle.

      – Bill GATES et l’investisseur Warren BUFFETT lancent en 2010 la campagne « Giving pledge » ("Promesse de donation"), demandant aux milliardaires du monde entier de donner la moitié de leur fortune à des organisations caritatives.

      Plus d’une centaine de personnalités diverses les ont rejoints, comme Larry ELLISON (Oracle), Mark ZUCKERBERG (Facebook), le créateur de « La Guerre des Etoiles » George LUCAS, l’ex-maire de New York Michael BLOOMBERG, l’investisseur activiste Carl ICAHN, le fondateur du groupe Virgin Richard BRANSON ou l’Allemand Hasso PLATTNER, cofondateur du numéro mondial des progiciels SAP.

      Tout comme l’Indien Azim PREMJI, fondateur du géant informatique Wipro, et l’homme d’affaires malaisien Vincent TAN.

      – Le milliardaire sud-africain Patrice MOTSEPE est le premier Africain à suivre l’appel de MM. Gates et Buffett, en 2013. M. Motseppe était alors la huitième fortune du continent avec 2,65 mds de dollars, selon le magazine Forbes. Son but : aider les Sud-Africains pauvres, handicapés, chômeurs. M. MOTSEPE a par ailleurs fait don en 2014 d’un million de dollars au fonds Ebola pour lutter contre l’épidémie.

      – Un milliardaire ukrainien (Viktor PINTCHOUK dont la fortune est estimée alors par Forbes à 3,7 mds de dollars) et russe (Vladimir POTANINE, fortune estimée à 14,5 mds de dollars) ont rejoint à leur tour « Giving pledge » en 2013.

      – Tim COOK, patron d’Apple, annonce en 2015 qu’après sa mort, sa fortune (environ 120 millions de dollars, auxquels s’ajoutent des stock-options qui vaudraient en cas d’exercice quelque 665 millions de dollars) sera intégralement léguée à des oeuvres caritatives.

      – Première fortune française, Liliane BETTENCOURT a créé en 1987 avec son mari la Fondation Bettencourt-Schueller (nom de son père, le fondateur de L’Oréal), dédiée au mécénat. Cette fondation finance notamment une ONG de lutte contre le sida, Solthis.

    • C’est vrai que pour le tax-avoiding, en plus du fait que ces « charities » soient exemptées de beaucoup d’impôts, elles offrent en plus des déductions d’impôts au moment où on les approvisionne en capital, les fameux 66% dans le cas de la France. Du coup quand Liliane Bettencourt verse 34k€ (après déduction) à sa fondation, l’Etat a versé 66k€ à cette fondation, c’est-à-dire essentiellement à Liliane Bettencourt (officiellement elle ne peut pas faire n’importe quoi avec cet argent, genre le donner à l’UMP, mais ça lui laisse quand même encore une grande liberté). Autrement dit dans ces « donations » Liliane gagne plus qu’elle dépense.

    • En France, la déduction de 66 % est sur les impôts, à savoir que quand on donne 100 €, on en donne en réalité 34 € (mais on donne quand même), puisqu’on récupère 66 € sur les impôts qu’on paye en moins. Il s’agit néanmoins de disposer de l’argent de l’Etat.

      Récemment, une association caritative française insistait lourdement que les symboliques 20 € que je leur avais donné n’allaient me coûter en réalité moins de 7 €, du fait de dette déduction d’impôts, justement. Or, ne payant pas d’impôts, car trop pauvre moi-même, c’est bien 100 % de mon don que j’ai donné, que je ne pourrai dépenser en dépenses de base, essentielles.

      Si je ne m’abuse, aux USA, les plus fortunés se voient dédouanés de 100 % de leurs dons. En d’autres termes, plutôt que de payer des impôts « comme tout le monde » est rester anonyme, voire raillé de tous, les plus riches ont tout intérêt à fonder des fondations qui ne sont en effet que des niches fiscales. C’est une manière habile de détourner l’impôt non pas au bénéfice de tous, mais au bénéfice de soi. D’abord, pour l’image étonnamment positive que cela engendre. Ensuite, du fait des revenus qu’une telle rente de fait procure.

      On est loin ici d’un idéal démocratique où la voix de chacun se vaut : ici, manifestement, les plus aisés ont plus de pouvoir quant au devenir de l’argent qu’ils soustraient aux impôts et au contrôle de l’Etat.