#Turquie : arrestations, frappes au #Kurdistan… le triomphe des faucons - L’Obs
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Qu’il semble loin, le succès exceptionnel du HDP, lors des élections du 7 juin dernier ! Pour la première fois de l’histoire de la Turquie, un parti pro-kurde franchissait le seuil des 10% – l’un des plus élevés au monde – pour entrer au Parlement et obtenait pas moins de 80 députés d’un coup, avec 13% des voix. Le HDP infligeait un rude revers à l’#AKP, la formation au pouvoir, pour la première fois depuis 2002. L’AKP (Parti de la justice et du développement), s’il restait majoritaire, avait un genou à terre et était contraint de former une coalition pour gouverner. Tandis que le président Recep Tayyip Erdogan, qui comptait réformer la Constitution pour façonner un régime à sa convenance, devait mettre en sourdine ses tentations autoritaires. L’AKP doit maintenant former un gouvernement de coalition – qu’on attend toujours.
« Cette victoire du HDP sur l’AKP était une chance pour les deux partis de s’affranchir de leurs ailes dures : les pro-lutte armée d’une part, les pro-Erdogan d’autre part », explique Samim Akgönül, chercheur au CNRS et spécialiste de la Turquie. « Mais en cet état de guerre, le président reprend le dessus et le KCK (Groupe des communautés du Kurdistan, un paravent du PKK) dicte ses conditions. Selahattin Demirtas est inaudible mais ce n’est pas le seul, tous les autres modérés aussi. »
Mais le feu couvait depuis longtemps. Tout au long de la campagne pour les législatives, Erdogan – censé être cantonné, dans la lettre de la Constitution, à un rôle honorifique – n’a cessé de draguer le vote nationaliste aux dépends des Kurdes. A tel point que le président a torpillé en personne un processus de paix initié… par lui-même, dix ans plus tôt, quand il reconnaissait dans un discours historique l’existence du fait national kurde. Erdogan a critiqué son propre gouvernement quand celui-ci a présenté en février, conjointement avec des députés du HDP, un plan de paix en 10 points préparé par Abdullah Öcalan, le leader du PKK – qui appelait par la même occasion à déposer les armes. Une première, vite enterrée.