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Enseignant en philosophie. Naturalisme vitaliste rationaliste, Vision écologique de l’histoire des vivants (Kinji Imanishi - Virginie Maris), Athée, anticlérical, antithéiste (contre les religions, pas contre les croyants) Anarchisme (Tchouang Tseu, Gunther Anders, Bertrand Russell et Murray Bookchin), Antipatriarcat.

  • Un certain urbanisme écologique qui creuse en fait les inégalité de genre par Yves Raibaud, Géographe.

    En premier lieu, l’analyse d’une enquête montre que les femmes, de tous âges, seraient défavorisées par les « bonnes pratiques » de mobilité dans la ville durable, et notamment l’abandon de la voiture. Les raisons en sont aussi bien la nature des tâches qui leur sont encore majoritairement dévolues (accompagnement des enfants, des personnes âgées, courses) que leur sentiment d’insécurité dans l’espace public (crainte de l’agression dans certains quartiers ou bien la nuit). Les études réalisées entre 2010 et 2014 sur la métropole bordelaise montrent ainsi que les femmes sont toujours moins nombreuses à vélo (en particulier la nuit ou lorsqu’il pleut) et qu’elles l’abandonnent à la naissance d’un deuxième enfant.
    Les piétonnes regrettent qu’on éteigne de bonne heure les éclairages de rue pour faire des économies tandis qu’on éclaire et arrose abondamment des stades, considérés comme nécessaires à l’attractivité des métropoles et fréquentés uniquement par des hommes.

    Comment cela arrive ?

    L’une de nos enquêtes sociologiques3 porte en particulier sur une opération de concertation autour des nouvelles mobilités urbaine organisée en 2012. Pendant six mois, cette démarche participative exemplaire a réuni des centaines de citoyens, experts, élus et responsables associatifs. Mais elle n’a mobilisé que 23 % de femmes, représentées par seulement 10 % du temps de parole et par 0 % d’experts. La faiblesse du temps de parole des femmes n’était pas due à des mécanismes d’auto-censure : les femmes n’étaient tout simplement pas « prioritaires » aux yeux des présidents de séances ; des mesures quantitatives (temps de parole) et qualitatives (pertinence de l’intervention) le prouvent.
    L’étude montre ainsi comment les préoccupations portées par des voix de femmes (concernant en particulier les enfants, les personnes âgées ou handicapées, la sécurité) sont ignorées ou jugées comme des « cas particuliers » et écartés de ce fait des conclusions et synthèses des séances au profit de sujets qui paraissent plus importants aux yeux des hommes : la ville créative, intelligente, postcarbone, hyperconnectée. L’évocation du réchauffement climatique, de la pollution et de la protection de l’environnement a un effet anxiogène et culpabilisant. De nombreux aspects de la vie quotidienne des femmes sont donc minorés, renvoyés à la vie privée : comment oser dire qu’on a besoin de la voiture pour accompagner les enfants ou qu’on a peur de marcher dans la ville le soir lorsqu’il s’agit de l’avenir de la planète et de l’intérêt général ?

    https://lejournal.cnrs.fr/billets/la-ville-durable-creuse-les-inegalites

    #ville, #inegalité #genre #urbanisme