Monolecte đŸ˜·đŸ€Ź

Fauteuse de merde 🐘 @Monolecte@framapiaf.org

  • L’#Ă©cole traditionnelle : pourquoi faut-il qu’elle change et en quoi ?
    ▻http://charmeux.fr/blog/index.php?2015/10/16/275-ce-qu-il-faut-vraiment-changer-dans-l-ecole

    Survivre, c’est durer. Vivre, c’est changer.
    Qu’était cette Ă©cole disparue ? L’école française fonctionne depuis toujours sous le rĂ©gime du statu quo et de l’homĂ©ostasie.
    Les notes, les bons points, les moyennes, les classements, les devoirs Ă  la maison, les interrogations, la leçon magistrale frontale suivie de l’exercice d’application notĂ©, les dictĂ©es, l’erreur impardonnable renommĂ©e « faute », le faire-semblant, les mĂ©canismes des mĂ©thodes de « lecture » au son (Ă  l’unitĂ© de langue atomisĂ©e) qui font dĂ©chiffrer phonologiquement, la journĂ©e de classe centrĂ©e sur la transmission du « programme » par enseignement magistral, non sur l’#apprentissage et les besoins de l’élĂšve, la recherche fĂ©brile de l’homogĂ©nĂ©itĂ© et de l’uniformitĂ© avec exclusion des diffĂ©rences et de la diversitĂ©, le culte du bon Ă©lĂšve et le mĂ©pris du « mauvais », toutes ces obsessions, tous ces rituels qui se perpĂ©tuent, immuables, de siĂšcle en siĂšcle, c’est l’école traditionnelle. L’éternel recommencement.

    Cette Ă©cole est bien prĂ©sente, toujours actuelle. C’est celle de la #compĂ©tition, dĂ©connectĂ©e du rĂ©el et de la souffrance sociale, « profitant essentiellement aux dominants en Ă©liminant les faibles ». Les ministres se suivent, les rĂ©formes passent, l’école rĂ©publicaine maintient son cap, sĂ©lectionner les Ă©lites, et sa stratĂ©gie, trier et Ă©liminer les incapables. DĂšs le CP, on y prĂ©pare les concours aux grandes Ă©coles, on bachote.
    Des enseignants sans formation professionnelle, sortis gagnants de la #sĂ©lection scolaire, homologuent, sans indulgence et sans compromis, des savoirs appris ailleurs et valorisent par des renforcements positifs ceux qui les dĂ©tiennent. On rĂ©compense ceux qui savaient avant d’entrer dans la classe, on humilie les naĂŻfs ignorants qui croyaient venir s’instruire dans un lieu d’apprentissage. Les enfants de milieux culturellement pauvres, les enfants du peuple, n’ont que leur ignorance (au sens scolaire) Ă  faire valider par le systĂšme d’#Ă©valuation traditionnel, avec notes et commentaires moralisants, qui les culpabilise Ă  vie, comme les sermons des clercs culpabilisĂšrent la misĂšre jusqu’au milieu du XXe siĂšcle, avant l’instauration de la SĂ©curitĂ© sociale.

    La sociĂ©tĂ© s’est dĂ©mocratisĂ©e, pas l’école. Appareil de reproduction sociale, juge-arbitre « impartial », elle confirme les #inĂ©galitĂ©s d’origine ou de classe et renforce les injustices de l’existence. Pour la grande satisfaction des nantis qui dĂ©plorent hypocritement « la panne de l’ascenseur social ».
    Pour expliquer « l’échec scolaire », en le justifiant par des facteurs Ă©trangers Ă  l’enseignement sĂ©lectif, l’école traditionnelle, jusqu’ici musĂ©e des mĂ©thodes, s’est convertie en temple des lĂ©gendes. La #lĂ©gende du mĂ©rite, la lĂ©gende du travail rĂ©compensĂ©, la lĂ©gende de l’ascenseur social, la lĂ©gende du par-cƓur, la lĂ©gende de la globale, la lĂ©gende du code de correspondance, la lĂ©gende de la dyslexie. Les gardiens du temple, mythologues mythomanes modernes, y ont ajoutĂ© le #mythe des troubles du langage et des apprentissages, le mythe des troubles du comportement, le mythe du pĂ©dagogisme, le mythe de l’ñge d’or. C’est le culte de ce dernier qui compte le plus de prĂȘtres et de fidĂšles au sein des classes favorisĂ©es. Pour le cĂ©lĂ©brer, il faut impĂ©rativement avoir « rĂ©ussi » Ă  l’école. En effet, ce mythe coĂŻncide avec la pĂ©riode, variant en fonction de l’ñge de chacun, oĂč ses croyants sortirent de leur parcours scolaire primaire, couronnĂ©s de lauriers. Parce qu’ils ne s’étaient pas retournĂ©s en faisant la course en tĂȘte, ils n’ont pas vu tomber, derriĂšre eux, la masse des Ă©clopĂ©s, abandonnĂ©s sur le bord du chemin. Bref, l’école traditionnelle serait un paradis si elle n’était pas pervertie (n’avait pas Ă©tĂ© dĂ©truite) par les machinations du diable.
    Aujourd’hui, la #mĂ©decine de la rĂ©paration scolaire et la #psychologie du neurone Ă©colier ennoblissent le tableau clinique des troubles « spĂ©cifiques » en y collant l’étiquette « DYS ». Elles s’attachent ainsi une clientĂšle captive en lui assurant une « prise en charge » coĂ»teuse mais remboursĂ©e. Ce faisant, elles adressent aux enseignants un feed-back nĂ©gatif : « Ne changez rien ! Les pathologies sont de notre ressort. » MĂ©dicaliser dispense de questionner les pratiques et les thĂ©ories. Ainsi, les professeurs peuvent continuer Ă  noter leur classe en trois tiers (l’école Ă  trois vitesses), pour tracer une courbe de Gauss parfaite, la « constante macabre », que la mĂ©decine ne sait pas soigner, ni diagnostiquer.[1] Pour expliquer le dĂ©sastre en innocentant l’école, les experts ont donc le choix contradictoire entre la maladie scolaire infantile locale, dĂ©finie avec une prĂ©cision chirurgicale, et le mystĂ©rieux complot « pĂ©dagogiste » national, indĂ©finissable. Mais ce n’est surement pas l’école de la compĂ©tition qui est Ă  l’origine de l’échec des perdants. C’est impensable.

    [1] « Dans notre systĂšme Ă©ducatif, un professeur qui donne de trop bonnes notes est immĂ©diatement jugĂ© comme un fumiste. La constante macabre, c’est quand, quel que soit le niveau des Ă©lĂšves, il y a toujours un tiers de trĂšs bons Ă©lĂšves, un tiers de moyens, et un dernier tiers de mauvais Ă©lĂšves. Et je constate que les Ă©lĂšves dĂ©favorisĂ©s sont souvent dans le dernier tiers. Il y a trop d’enfants qui sont en Ă©chec de façon artificielle. » AndrĂ© Antibi