• Inversions patriarcales
    http://hypathie.blogspot.fr/2015/10/inversions-patriarcales.html

    « C’est l’oppresseur qui écrit les définitions  »
    Ty Grace Atkinson - Féministe radicale.
    Comme si cela ne suffisait pas, en plus, il les vitriole. Pour les faire s’ajuster à ses besoins de suprémaciste.

    Le système patriarcal est un trompe-l’œil, un village Potemkine, une Matrice illusoire, qui nous fait prendre des vessies pour des lanternes, la culture pour la nature, la guerre de tous contre toustes pour la paix, la haine nihiliste pour de l’amour. Le patriarcat pratique l’inversion de ce que notre bon sens nous permet d’appréhender empiriquement, c’est un système politique marchand d’illusions. Il est là depuis si longtemps que, comme dans The Matrix, nous ne le voyons plus : il n’est plus perceptible par notre raison et nos sens anesthésiés par la propagande, l’assommoir culturel multiquotidien : cinéma, théâtre, littérature et la sous-culture de la publicité et des jeux vidéo. Ne le voient que quelques clairvoyant.es qui travaillent à son analyse et à la déconstruction de ses mythes.

    De quelques escroqueries patriarcales

    • Engendrement
      Dans la Bible, la « Sainte Trinité » est une procession de mâles : le Fils procède du Père, et le Saint-Esprit procède du Fils. Ils s’engendrent sans passer par les femmes. Ils n’ont pas inauguré le système qui date des dieux antiques : Zeus tire ses enfants de sa tête ou de sa cuisse, pas de son ventre. Il n’y a que les femmes qui font des enfants en les portant dans leur ventre. Les dieux de l’Olympe se reproduisaient ainsi sans passer par les femmes, qui ne produisent, elles, que de simples mortels. D’où l’expression passée dans le langage « sortir de la cuisse de Jupiter » : c’est mieux que de sortir banalement d’un ventre de femme !

      Les hommes se reproduisent entre eux, à l’identique, par cooptation. Ils font du clonage, comme le montre ce film publicitaire pour les rasoirs Wilkinson : de l’identique de cauchemar, la négation de la diversité.

      https://www.youtube.com/watch?v=vDSgzOlb-eo

      Celui qui est recruté, c’est celui qui ressemble le plus au patron. Je l’ai vécu quand je recrutais pour de grosses entreprises : des garçons, tranche d’âge 26-29 ans, sortant tous des mêmes boîtes de prêt-à-penser que le dirigeant de l’entreprise ou que le manager du service, en plus jeune. Jusqu’à la caricature. Conséquence : incapacité à penser, incapacité à prendre des décisions, c’était monstrueux. Le pire, c’est qu’ils se piquent de faire de l’innovation ! L’innovation, c’est interdisciplinaire et métissé : toutes les tranches d’âges, les deux sexes et de la biodiversité. Sinon, ça met sur le marché des produits mort-nés.

      Dans la même veine il y a le grotesque « maïeutique » qui nous viens de Platon/Socrate, cet accoucheur d’esprit. Vu que les femmes sont interdites de philosophie par Platon et Socrate dès le fondement de la philosophie, le fait qu’ils utilise le mot d’accouchement est assez parfaitement cynique.
      Aujourd’hui le sage femme mâle est appeler « Maïeuticien » pour des raisons sexistes. D’ailleur le correcteur d’orthographe connait « Maïeutique » et « Maïeuticien ».

    • Amour (à mort)
      « L’amourrrr est enfant de bohème,...
      Si je t’aime, prends garde à toi !
       »
      Carmen, Opéra de Bizet, l’opéra le plus joué au monde, le plus populaire, un vrai assommoir culturel.
      L’amour est une corrida, ce trésor du patrimoine selon les aficionados qui aiment la mort. A la fin de l’histoire, Don Jose tue celle qu’il aime, la libre Carmen, car elle le quitte. Ça arrive tous les jours en notre 21ème siècle, comme dans les autres avant : ça s’appelle un « drame familial », tellement c’est courant, BANAL et toujours dans le même sens.


      Je laisse la parole à Ty Grace Atkinson :
      « Et l’amour ? Puisque nous parlons de vaches sacrées, finissons-en. Qu’est-ce que l’amour, sinon la rançon du consentement à
      l’oppression ? Qu’est-ce que l’amour sinon du besoin ? Qu’est ce que l’amour sinon de la peur ? ».
      « La femme essaie instinctivement de se dédommager de ses pertes politiques et de celles qu’entraînent sa définition en fusionnant avec l’ennemi ».
      " J’opère une distinction entre « amitié » et « amour ». L’"amitié" est un rapport rationnel qui demande la participation de deux personnes pour la satisfaction mutuelle des deux. L’"amour" peut n’être ressenti que par une personne ; il est unilatéral par nature, ce qui, avec son caractère relationnel, le rend contradictoire et irrationnel « .
      Evidemment, Ty Grace Atkinson parle de l’amour patriarcal, cet » état psycho-pathologique spécialement fantasmatique qui apparie l’Oppresseur et l’Opprimée ", cette « rencontre entre deux névroses » disait Freud (pas spécialement féministe à poil dur), pas de l’amour-comportement/sentiment qui unit dans la majorité des cas les couples de parents mammifères à leurs petits (il y a aussi les oiseaux et les poissons qui ont choisi cette stratégie de l’évolution) pour les faire grandir. L’amour, c’est celui-là, pas la psycho-pathologie passionnelle imposée par le patriarcat. Dans cette dernière définition, on ne peut plus « tuer par amour » !

      Le « crime passionnel » a sa place ici. J’en entendu aussi utiliser un horrible « meurtre altruiste » pour parler de ces hommes qui se suicident en assassinant leurs gens (femmes et enfants) comme Sardanapale qui fait tuer ses esclaves quant il sent sa mort venir.

      Il y a aussi l’amour des femmes comme on aime le roastbeef. C’est pas le même mot par hasard.

    • Religions d’amour
      Guerres fratricides, bûchers de juifs et bûchers de la « Sainte Inquisition » -SIC- où ils brûlent des milliers de femmes pendant plusieurs siècles dans toute l’Europe, conversions au fil de l’épée lors d’épopées coloniales meurtrières, razzias, mise en esclavage, transformation des femmes en butin de guerre, pillage des « sauvages » et destruction de leurs trésors archéologiques, coupage de mains (Léopold 1er, roi très chrétien de Belgique dans l’ex Congo Belge), annihilation entière de tribus et d’ethnies, suivie de paupérisation et clochardisation, qui fabriqueront ce qu’on appelle aujourd’hui le Tiers-Monde. Je n’ai jamais entendu un seul prêtre ou imam se repentir des malheurs occasionnés par leurs « religions d’amour ».

    • Ville sainte
      Jérusalem, « Ville Sainte » des trois religions révélées. Où elles se font la guerre : multiples « incidents » mortels sur l’Esplanade des Mosquées ou Mont du Temple, destruction permanente par l’état d’Israël de sites archéologiques de l’Islam, gestion à trois et à couteaux tirés des « lieux saints » tels Bethléem ! J’ai entendu un jour un évêque chrétien dire qu’il n’y avait rien de moins chrétien que ces villes d’où les trois religions du Livre tirent leur origine.

    • Liberté
      Surtout celle de s’aliéner ou d’aliéner les autres. Trouvé cet article du journal La Croix sur la conférence des Évêques de France qui critiquent la dernière campagne du Ministère de la Santé dont j’ai parlé dans ce précédent billet. Le slogan de la photo m’a choquée : « libre d’être contre » : contre la liberté de choisir. Tordu comme slogan. Soyons claires : avec une loi sur l’IVG, les femmes qui veulent avoir douze enfants sont LIBRES de les avoir, les autres, elles, ont le choix, lors d’un accident de contraception par exemple, d’interrompre leur grossesse dans le délai imparti par la loi. Même remarque pour les tenant.es du commerce sexuel qui me trollent sur Twitter : la loi sur l’abolition ne leur interdira RIEN. Elles pourront continuer à exercer leur « métier », puisque pour elles c’est un métier comme un autre, leur liberté n’est pas entamée, elles gagnent juste la protection de la loi en cas de coups, violences ou viol, ou même non paiement de leur prestation par le client. La prostitution n’est pas un délit, c’est l’achat de prestations sexuelles qui en devient un. Le mot liberté en patriarcat a toujours été retourné contre celles qui le revendiquent.

      Pour la liberté je pense aussi à la guerre de liberation de l’Iraq que les USA avait vendu.


      En afghanistan la liberté des femmes a aussi été instrumentalisé pour permettre la liberté des capitaux tenus par les hommes (drogue, gaz, armement...)

      Voir aussi le question du voile. Pour libérer les filles et les femmes du voile au nom de la laicité ou de la liberté de culte ou liberté d’expression, on les libère surtout de l’école.

    • Les hommes travaillent, les femmes ne font rien, elles restent à la maison
      Combien de fois l’avez-vous entendue celle-là ? Maman ne travaille pas, elle s’occupe de nous, papa est ingénieur à la base militaire de l’Ile Longue (base des sous-marins nucléaires de guerre français, au large de Brest). Maman ne fait rien mais papa prépare la guerre ! 80 % des corvées UTILES de la planète sont accomplies par les femmes : entretien du foyer et de la maison, élevage et éducation des enfants. Mais les femmes ne travailleraient pas ? La réalité, c’est que ce n’est pas du travail marchand, le seul reconnu comme travail : il n’est donc pas comptabilisé dans les PIB mondiaux, il n’est pas rémunéré, il ne fait l’objet d’aucune cotisation. Résultat ? Il est invisible, et au moment de passer à la caisse (de retraite), elles font ceinture. D’où les pensions misérables des femmes. Double peine : elles font très souvent « double journée pour un demi-salaire » (Christine Delphy) : en effet pour « concilier » vie de famille et vie professionnelle, elles assurent la flexibilité de l’économie (qui en a besoin, un comble !) en acceptant des mi-temps généralement dans les basses zones de l’économie et les postes mal payés où les hommes ne vont jamais.
      Donc, il n’y a que les hommes qui travaillent ! D’ailleurs pour bien que ça se sache, ils mettent des panneaux sur les lieux pour signaler la chose, ils suroccupent l’endroit, et ils font du boucan. C’est mieux, car on peut douter de l’utilité de ce qu’ils font.

    • Prince Charmant
      Le Prince Charmant, selon les contes pour enfants, aurait pour fonction de tirer la jeune demoiselle de son affreuse condition de souillon (Cendrillon), de la convoitise de son père (Peau d’Âne) ou autres situations toutes plus affreuses les unes que les autres, mais qui peuvent évidemment se produire. Inversion patriarcale ici aussi : aussitôt qu’il l’a élue et épousée, la pauvre Princesse se transforme en ménagère à balai, faisant la vaisselle, la lessive et le repassage pour pas un rond ! Voir définition précédente. Le crapaud qui parle peut être largement aussi plaisant ! Et c’est moins convenu.

      Dans la belle au bois dormant le prince baise la belle qui est inconsciente. Il la baise et ne lui demande pas son avis. Et c’est montrer comme enviable. Ils vécurent heureux...
      Dans le style horrifique il y a « Griselidis, la parfaite épouse » un conte qui a eu beaucoup de succès (il viens du Décaméron, et à été repris par Perrault et mis en opéra)
      ici la version de Boccace (c’est la nouvelle X)
      https://fr.wikisource.org/wiki/Le_D%C3%A9cameron_%28Boccace,_Castres%29
      et ici la version de Perrault.
      https://fr.wikisource.org/wiki/La_Marquise_de_Salusses_ou_la_Patience_de_Griselidis
      et pour l’opéra, que je ne connais pas, voire ici
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Gris%C3%A9lidis

    • – Je pense aussi à « Pédophile » qui mélange amour (philie) avec le viol d’enfants. Un violeur d’enfants n’est pas « phile » il est criminel, il conviendrais de dire « pédocriminel ».

      – Autre inversion patriarcale, les mots « pute, prostituée, putain » sont des insultes très rependus alors que « prostitueur, proxénète, maquereau, michton, client » n’en sont pas. On traite les mères de putains mais on ne traite pas les pères de proxénètes ou de pornographe. Pourtant les véritables ordures quant on regarde les statistiques ce sont les pères, violeurs, cogneurs, tueurs, incesteurs, ils n’en fichent pas une à la maison et profitent du travail gratuit de leur compagne. Les mères portent les enfants et sont défavorisée pour cela dans leur carrière, leurs revenus, elles bossent gratos, et s’occupent de l’éducation des enfants. Mais c’est elles qu’on insulte. J’ai jamais entendu des personnes s’envoyer de « ton père le cogneur, » "ton père le violeur" par contre « ta mère la pute... »

      – « Victime » est aussi une insulte par exemple dans « ne fait pas ta victime » ou « je ne suis pas une victime » alors qu’"agresseur, violeur, dominateur" ne sont pas des insultes.

      – Il y a aussi « salope » qui est l’équivalent au féminin de « don juan » ou « tombeur ».

      – « Garce » est le féminin de « gars ».

      – « Suffrage universel » on m’a appris à l’école que le suffrage universel est décrété en 1792. Les femmes en étaient exclues et ce détail signifie que les femmes ne font pas vraiment partit de l’univers. Elles doivent provenir d’un monde parallèle démoniaque rempli de harpies, mégères, gorgones, furies...

      – On pourrait aussi inclure la plus part du vocabulaire sexuel qui mélange consommation, prédation et meurtre.

      – « Respect » est aussi souvent utilisé n’importe comment. Par exemple il est demandé aux femmes de « se respecter » en ayant certaines attitudes en rapport à la chasteté.

      – Le mot « vierge » est aussi tout à fait dégueulasse. Il centre la sexualité sur la pénétration et le désigne comme une salissure.

      – « Préliminaire » et « Pénétration » sont des mots qui appauvrissent la sexualité et la centre sur le seul intérêt masculin hétérosexuel.

      – Tous les mots qui lient sexualité et domination et humiliation. Par exemple « se faire baisé », « se faire enculé » qui comportent de la misogynie et de l’homophobie et sont pourtant utilisé comme insulte par des personnes qui prétendent ne pas être homophobe et ennemis de la sexualité de la plus part des femmes cis-hétéros. Il faut haïr la sexualité pour utiliser ce vocabulaire comme insulte.

      – Il y a aussi « bestialité », on dit de certains comportements sadiques humains qu’il sont notre « bestialité », mais les non-humains ne sont pas sadiques (les animaux domestiques ou rendu fous par la captivité peuvent l’être). Mais on accuse les bêtes des comportement les plus typiquement humains et surtout masculins.

      – Le sexe faible et sexe fort est aussi une inversion patriarcale. Le sexe masculin dit « sexe fort » est bien plus exposé et fragile que le sexe féminin dit « sexe faible ». Le sexe dit « fort » est fort parce que ses faiblesses sont tabou. On ne tape pas sous la ceinture, ca ne se serait pas un combat d’homme à homme, ca serait déloyale. C’est un tabou très important, on ne touche pas aux bijoux de famille. Cette sacralisation extrême est une technique de protection des mâles entre eux pour se garantir la domination. En somme, la fraternité passe par ce premier accord tacite entre les hommes de se faire croire que leurs testicules sont la force incarné. On pense facilement aux testicules mais il y a aussi la pomme d’Adam qui est une autre faiblesse très importante du corps masculin. Bref ça fait tout de même pas mal de faiblesses pour un sexe prétendu « fort ».

      #vocabulaire #renversionite #mensonge #langage

    • Ce matin sur le site du e-monde il y a ceci :

      Le gouvernement veut empêcher les touchers pelviens sous anesthésie sans consentement

      Un « toucher pelvien sous anesthésie sans consentement » c’est un viol. Mais le mot est pas autorisé car des personnes pourraient comprendre ce qu’est un viol et ca c’est interdit. Le viol est deja interdit par les textes de loi et le gouvernement n’as pas besoin d’interdire ce qui l’est deja.