• Jacques-Marie Bourget (https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques-Marie_Bourget) publie sur Mondafrique une longue enquête qui éclaire les liens passés entre le gouvernement français et al-Nusra.
    L’article se concentre sur le contexte entourant la fameuse phrase de Fabius sur le « bon boulot » d’al-Nusra, et révèle jusqu’où est allé Fabius pour tenter, en accord avec les Saoudiens et les Qataris, d’empêcher qu’al-Nusra ne soit inscrit sur la liste des organisations terroristes à l’ONU.
    Il s’appuie sur une lettre de l’ambassadeur marocain à l’ONU à Rabat qui relate ce qui s’y joue, et que Bourget détiendrait.
    Al Nosra, l’étrange allié de la diplomatie française
    http://www.mondafrique.com/al-nusra-letrange-allie-de-la-diplomatie-francaise

    Au grand dam de Fabius, Washington, qui ne peut faire moins dans un pays marqué par les attentats du 11 septembre, décide unilatéralement de déclarer terroristes ces djihadistes pourtant si utiles. En coulisse le Quai d’Orsay mobilise afin d’épargner l’infamie à cette composante « rebelle ». La preuve ? Nous la détenons par un courrier envoyé par la délégation marocaine à l’ONU à son ministère de tutelle à Rabat. La lettre du 29 avril 2013 est classée « Confidentiel/Très urgent », elle est signée de Mohamed Loulichki, l’ambassadeur du Maroc auprès des Nations Unies.

    Le courrier fait état d’une demande de la Syrie auprès de l’ONU, intervention qui met visiblement la France dans tous ses émois : Damas vient de sommer l’ONU de placer Al-Nosra sur la liste des organisations terroristes… Le courrier diplomatique marocain rapporte l’embarras de Paris qui « considère politiquement inconcevable de s’opposer à l’inscription d’Al-Nosra sur la liste des sanctions. Toutefois il est important pour la France qu’une telle inscription s’opère à travers des canaux autres que la Mission syrienne et de couper l’herbe sous les pieds de la Syrie qui a toujours assimilé l’opposition syrienne à des groupes terroristes ».

    Que faire pour éviter l’opprobre à Al-Nosra-Al-Qaïda, organisation bien vue de Fabius ? Toujours selon le courrier marocain, Paris a imaginé une réplique qui est le « résultat de plusieurs semaines de négociations ». La ruse, qui a été approuvée par le Royaume Uni, consiste à ajouter discrètement le nom d’Al-Nosra à la liste des sanctions qui frappe Al-Qaïda en Irak. Ainsi l’initiative de Bachar serait contrée et les « rebelles » aimés de Paris moins stigmatisés…

    Cette lettre de l’ambassadeur du Maroc continue d’être instructive quand on li sous la plume de l’excellence la position de Riyad face à une mise au pilori d’Al-Nosra : « L’Arabie Saoudite nous a déjà communiqué ses craintes quant à la perspective de l’inscription d’Al-Nosra et son instrumentalisation pour établir un lien entre le terrorisme et les pays qui soutiennent les groupes armés de l’opposition syrienne ». Cette phrase mérite une traduction un peu plus brutale, avec des circonvolutions Riyad dit la chose suivante : « Impossible de stigmatiser Al-Nosra alors que nous soutenons, armons et finançons ce groupe. Impossible qu’il soit dit et écrit que nous sommes des alliés du terrorisme ».

    Petits arrangements

    Finalement, le 31 mai 2013, La France de Fabius va perdre le match, l’ONU couche Al-Nosra sur sa liste noire. Avec des sursauts encouragés par Paris les « rebelles » tentent en permanence d’en être rayés. Ainsi, en septembre 2014, quand Al-Nosra libère 45 Casques bleus qu’il détient en otage, le Quai d’Orsay appuie discrètement la demande des élèves de Ben Laden qui exigent, en échange, d’être retirés de la « Liste des sanctions ».

    Le « deal » n’a pas marché. Mais le même John Kerry, bien longtemps après Fabius et le ministre des Affaires étrangères du Qatar, va finir à son tour par approuver « le bon travail d’Al-Qaïda en Syrie. Oublions donc tous ces moments d’égarement, Fabius comme le Secrétaire US a une ligne politique en béton. Ce ne sont pas les girouettes qui tournent. C’est le vent.

    En attendant, comme on ne change pas une équipe qui gagne, Hollande a reçu ce mardi 17 novembre l’excellent premier ministre du Qatar, un homme qui connait parfaitement le terrorisme. Puisque son pays le finance.

    • Ok là dessus.
      Mais il y en a d’autres qui essaient de blanchir Bachar El Assad, actuellement. C’est quand même, je pense, le premier responsable de la tragédie en Syrie. Les autres en ont profité pour, en se présentant comme opposés au dictateur, accroitre le chaos.

    • #stephane_M : il n’y a pas de "vérité là-dessus, et tu introduis très justement par « je pense ». Perso, je pense que Bachar n’est qu’un pion dans un sytème maffieux familial, et que le personnage - on revient à l’article signalé - était honoré par la république chiraquienne il y a peu encore... Pourquoi ést-il devenu en quelques mois un nouvel Hitler ? Ma lecture à moi, c’est qu’il y a eu tentative de renversement dès le départ, la période pacifique - j’en étais le témoin à l’époque - n’a jamais existé vraiment. Dès la fin février, début mars 2011, les gus de l’armée, de malheureux conscrits et non pas les sbires du régime, se faisaient dégommer. A l’époque, on expliquait que c’étaient des déserteurs tués par les officiers alouites de l’encadrement. La suite a montré que cette explication était aussi inventée que le reste.

    • Que ce soit un système mafieux familial certes, mais Assad est au sommet de cette mafia.
      Moi je me souviens que lorsqu’il a succédé à son dictateur de père, Hafez, on a espéré qu’Assad démocratise le régime et il y a eu des libérations de prisonniers politiques et la levée de l’état d’urgence en vigueur depuis 1963 (!). Ensuite il est revenu aux pratiques de son père.
      Chirac a honoré tellement de dictateurs (tout comme Hollande) que ce n’est pas un critère.

      Si tu as séjourné en Syrie tu as des informations plus directes que les miennes.

      Mais je n’ai jamais vu personne défendre son régime, même Adeline Chenon Ramlat qui a un blog sur Mediapart, et qui, ayant des proches parmi les chrétiens de Syrie, dénonce la volonté occidentale de déstabiliser Bachar.

      Quelqu’un m’a demandé par mail qui je visais.

      Je vise la Russie (et tous ceux qui voient Poutine comme un gentil garçon), qui est prête à défendre n’importe quel régime qui lui garantisse sa base militaire sur la Méditerranée.

      Je pense que cela fait des années que les Etats-Unis (Obama) auraient dû négocier avec Poutine : accepter cette base russe (qui est la seule base russe dans un Moyen-Orient truffé de bases américaines), en contrepartie d’une très forte pression russe sur Bachar El Assad pour qu’il démocratise son régime (comme c’est la Russie qui arme Bachar, cela lui donne les moyens de tordre le bras au régime ...).

      Bon mais on a tous compris que les Etats-Unis n’étaient pas des humanistes, même habillés du charmant sourire d’Obama.
      Il n’y a pas des bons et des mauvais, il n’y a que des assassins de masse et des vendeurs d’armes à très grande échelle, dans notre histoire contemporaine.