Oui, je me souviens comme les potes petits employés ou ouvriers ne cessaient de me traiter de bille début 2000 parce que je n’achetais pas : « pour le prix de ton loyer, tu aurais ta maison ».
L’un des arguments qui, en vrai, revenait le plus, c’était un peu comme celui de ceux qui deviennent AE pour ne plus avoir de patron, une fuite en avant contre une injustice indépassable : « au moins, on n’aura plus de proprio sur le dos, on pourra faire des trous dans le mur sans demander la permission ».
Déjà, je parlais du coût réel de la propriété, du fait que les plus modestes payent deux fois des maisons qui sont assez pourries et sont vendues le double de leur valeur réelle, que personne n’est devenu subitement millionnaire mais que tout le monde croit pouvoir se payer une maison annoncée à 150000€ (soit un million de francs, soit 300000€ à payer à la banque + les frais + les taxes + les inévitables travaux de réfection, parce que qu’à ce prix-là, faut pas rêver, ce n’est pas vraiment habitable de suite + les travaux l’entretien, inexorables et jamais provisionnés !).
Sans compter que ça te cloue dans un bled. Et qui peut dire qu’il aura toujours un boulot et une famille dans 30 ans ? Perso, j’ai du mal à y voir à 2 mois, alors…
Donc, en cas de chômage ou de divorce, comment payer les traites et surtout, comment revendre ? Parce que le cœur de l’arnaque, c’est que les mecs qui ont vendu au sommet de la vague savaient déjà qu’ils étaient plus qu’au taquet des prix (c’est d’ailleurs pour cela qu’à la télé, on a battu le rappel des pauvres, parce qu’il faut des pauvres pas éduqués sur la pierre pour prendre le mistigri à la fin et permettre au requin de prendre sa plus-value), et qu’au moindre incident de vie, le gars se retrouvait coincé dans un bled loin de tout, et sans possibilité de revendre, sauf à encore perdre du blé et à se retrouver à finir de payer un truc qui ne lui appartient même plus !
Alors, à ce prix-là, je sais aujourd’hui que j’ai bien fait de renoncer à faire des trous dans le mur !