Philippe De Jonckheere

(1964 - 2064)

  • Javier Cercas, l’Imposteur .

    Ce livre avait été signalé par @fil, mais il y a tellement longtemps que je ne sais plus bien où.

    Fameux bouquin en fait. Javier Cercas part à l’assaut d’une forteresse d’imposture non pas en découvreur, ce n’est pas lui qui a dévoilé l’imposture d’Enrich Marco, mais il la rend désormais implacable par le biais de la véritable biographie de l’iumposteur. Toute sa vie Enrich Marco a voulu faire croire qu’il avait été un résistant de la première heure de la seconde République, qu’il avait été déporté en Allemagne et à partir de 1975 a voulu tirer le meilleur parti d’un passé qui n’a jamais été le sien, ainsi s’est-il retrouvé miraculeusement porté à la tête de la CNT pour toute la Catalogne, puis pour toute l’Espagne, puis débarqué de la CNT, en grande partie à cause de sa mauvaise gestion, il est devenu le président de la très influente association des parents d’élèves de la Catalogne, puis le président des anciens de Mauthausen (où il n’a jamais été déporté). C’est seulement en 2005, in extremis avant la célébration du 70ème anniversaire de la libération du camp où il devait prononcer un discours à la mémoire des déportés espagnols de ce camp qua été découverte cette imposture et partnt toutes les autres. .

    Enrich Marco n’a jamais rien fait de tout ce qu’il a dit, mais en virtuose du mensonge il a su mêler ses fictions avec des éléments avérés au point de confondre tout le monde pendant des années. Avec le livre de Cercas, on apprend que l’imposteur est la première victime de son mensonge. On apprend que l’imposture est une manière de défaut généralisé dans toute la population et Cercas se fait l’application d’un tel raisonnement avec beaucoup d’honnêteté, et in fine montre à quel point cette imposture a été un sport national pratiqué par tous et que ce n’est qu’au prix de cette imposture globale que les années Franco ont pu déboucher sur la détente et la démocratie sans heurt et presque sans violence, mais pas sans retours de bâton.

    Les cinquante dernières pages du livre, quand le récit biographique débouche sur la découverte de l’imposture sont un feu d’artifice.

    Je vous le recommande vivement.

    #private_joke : cc @mona en matière d’imposture c’est un peu d’un autre calibre que tu sais qui.