• سوريو أوروبا : أخوة الوطن... أعداء الشتات ! | الأخبار
    https://al-akhbar.com/node/253395

    Article, à prendre un peu avec des pincettes, à propos des tensions entre migrants/réfugiés, notamment syriens, dès lors qu’ils se trouvent sur le territoire européen. En cause dans ces tensions, qui provoquent parfois des bagarres et même davantage dans les points de regroupement, l’existence de points de vue très différents sur la situation dans leur pays d’origine, et éventuellement (comme il est dit dans l’article, la présence, dans les migrants, de tendances radicales dangereuses). Dans un exemple cité dans cet article, lorsque les autorités entendent vaguement raconter qu’il y aurait des trucs religieux pas clairs (bonjour l’ambiance entre réfugiés), les interprètes expliquent (sciemment ou par méconnaissance, l’article ne le dit pas) que les chants pro-Daesh qu’ils entendent sont juste religieux et pas plus méchants que cela...

    Ce qui est intéressant de mon point de vue, et qu’il m’a été donné de constater moi-même, c’est qu’on se trouve, notamment dans les pays du nord de l’Europe mais pas seulement, devant une situation potentiellement très dangereuse. A savoir que les agences officielles et officieuses qui viennent en aide aux réfugiés sont totalement dépendantes, dans leurs relations aux personnes aidées, des intermédiaires qu’elles emploient. En l’occurrence, il s’agit notamment des interprètes, souvent jeunes, d’origine étrangère (Maghreb plus que Proche ou Moyen-Orient), presque toujours (au moins culturellement) musulman(e)s, et eux-même en situation de (relative) marginalisation sociale et économique dans les pays où ils/elles résident et qui les emploient à ces tâches. A la différence des travailleurs sociaux « normaux », ces nouveaux professionnels sont très souvent occasionnels, peu formés pour autant que je le sache, et placés dans une situation étrange où ils sont les seuls filtres, de par leurs compétences linguistiques, entre les arrivants et les institutions officielles qui peuvent tout (ou rien) pour eux.

    Placé(e)s dans des situations extrêmement délicates et lourdes de conséquences pour les personnes en situation de grave précarité avec lesquelles ils/elles sont en contact, ces intermédiaires sont soumis(e)s à des pressions extrêmes qui les placent, quoi qu’ils/elles fassent, dans une situation particulièrement difficile à gérer, entre le respect de ce qui constitue le cadre de la mission pour laquelle ils bénéficient d’une sorte de délégation de la puissance publique, quelle qu’elle soit (gérer l’urgence humanitaire), et la fidélité à un certain nombre de commandements moraux, liés (au moins en partie) à leurs propres références identitaires.

    Inévitablement, ces intermédiaires sont appelé(e)s à « tricher », pour le dire de manière plus positive à « négocier » au mieux (ou au moins mal) entre ce qu’ils savent, entendent, connaissent, de la situation des arrivants, et ce qu’il est possible de « traduire », à tous les niveaux, dans le langage des sociétés dites « d’accueil »...

    Terriblement difficile, une telle mission est donc confiée à des personnes, très jeunes pour la plupart (je parle essentiellement des « interprètes » qui, pour ce que j’ai pu voir, sont des jobs confiés à des étudiants ou assimilés). Sans doute, on peut estimer que leur trajectoire sociale est, dans une telle circonstance, un atout car elle leur donne une réelle capacité à percevoir la vulnérabilité de ceux qu’ils/elles interprètent. Mais il y a aussi à l’évidence toutes sortes de dangers, de risques, en leur confiant, dans le contexte que j’ai essayé de rappeler rapidement, de telles responsabilités, en les soumettant à de telles pressions. Que faire lorsqu’on sait, ou pire lorsqu’on croit deviner, la présence d’arrivant(e)s très (ou trop ?) radicaux par exemple, mais la question se pose aussi très certainement par rapport à des situations terriblement complexes (exploitation sexuelle, y compris des enfants) ?...

    Quelqu’un a-t-il vu passer une réflexion intéressante à ce propos ?

    #migrants #réfugiés